Rome n’a pas réussi à imposer ses revendications et a même du reculer sur la répartition des migrants entre les différents pays de l’UE qui ne sera plus obligatoire mais se fera sur une base volontaire.
« Elever la voix paie ! » estimait Matteo Salvini, en pleine polémique avec les navires des ONG en Méditerranée, pour faire entendre les revendications italiennes à Bruxelles. L’issue du conseil européen consacré en grande partie à la question migratoire l’a démenti. Giuseppe Conte avait initialement menacé d’opposer son veto sur le texte commun si il ne lui donnait pas satisfaction, il a fini par signer un accord dont les résultats sont bien maigres pour son pays. La promesse de porter à 3 milliards d’euros le fonds fiduciaire d’urgence en faveur de l’Afrique et une garde côte européenne de 10.000 hommes pour renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l’UE sont jugées insuffisantes.
La réforme du règlement de Dublin régissant les demandes de droit d’asile selon le principe de responsabilité du pays d’arrivée a été abandonnée. Des « plateformes régionales de débarquement» de migrants pour les dissuader de traverser la Méditerranée devraient être installés dans des pays tiers de l’UE. Personne ne s’est pour l’instant proposé. L’accord évoque également des «centres contrôlés» sur le territoire européen pour répartir accueillir et répartir les migrants sur une base « volontaire » abandonnant la répartition obligatoire qui n’était déjà pas respectée. Quant à la possibilité d’ouvrir des ports de ses partenaires aux navires des ONG, elle a été rejetée.
Les pays de Visegrad vainqueurs
Rome qui avant le sommet exigeait « des actes et pas des promesses » a de quoi être déçu.
« L’Italie n’est plus seule » s’est néanmoins réjoui son président du conseil ajoutant « que si il avait pu écrire seul les conclusions de l’accord il aurait écrit différemment certains passages mais c’est une difficile négociation entre 28 pays. »
Parmi eux, ceux du groupe de Visegrad présentés dans la presse transalpine comme les véritables vainqueurs de ce conseil européen. Les pays de l’est, Hongrie en tête, érigés en modèle par Matteo Salvini alors qu’ils sont les principaux obstacles aux revendications italiennes sur la question migratoire. C’est pourtant avec eux qu’il souhaite traiter se projetant déjà le 12 juillet dans la première réunion des ministres de l’intérieur de l’UE dont la présidence tournante est passée ce dimanche à l’Autriche. «Je n’ai pas confiance en Macron et Merkel, a répété Matteo Salvini, j’attends toujours des actes concrets. On dit Vive l’Europe, Vive l’Europe mais à la fin c’est toujours l’Italie qui paie et qui accueille. »
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