Question posée par Pulsan le 28 juin 2018
Votre question (qui nous a été posée par tant d’autres depuis un an), renvoie à une critique très souvent faite à Libération sur les réseaux sociaux. Votre rédaction, nous dit-on, est «blanche». Souvent, le propos est étayé d’une photo datant de 2015, toujours la même, de la terrasse de nos anciens locaux, rue Béranger (celle qui illustre cet article). On y voit une rédaction brandissant le poing. Une rédaction «blanche», donc (ou qu’on perçoit comme uniformément blanche, en tout cas). En général, les commentateurs commentent en des termes moqueurs : Libé, ce journal qui donne des leçons d’antiracisme, est un journal de «bobos blancs» qui vit dans Paris.
D’abord, il y a des raisons, a priori, de ne pas répondre à cette question. La première étant qu’on n’a pas envie de ranger ses collègues par sa couleur de peau. Une deuxième est que c’est compliqué, forcément arbitraire, de «classer». C’est quoi un blanc? Un grand-père coréen vous place-t-il dans la liste des «non blancs»?
Sauf que tous ces arguments (de principe, de méthode) qu’on pourrait faire valoir pour refuser/disqualifier ce décompte auraient pu s’appliquer tout aussi bien au décompte que nous avions fait concernant la «diversité» au sein des ministères, il y a cinq ans.
Bref, si on a pensé en 2012 que c’était pertinent de mesurer la place des personnes «non blanches» (ou plutôt, donc, des personnes «perçues comme non blanches») dans les milieux de pouvoirs, alors il n’y a pas de raison de ne pas le faire aussi à Libération. D’autant plus que cette question a été un réel sujet de réflexion au sein de la direction du journal ces dernières années.
Répondons, donc. Sommes-nous une rédaction “blanche”? On l’a été. On l’est encore. Ça a changé un peu. On part de loin.