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J’habite à Paris dans le 15ème arrondissement, dans le quartier Falguière. Mais pas au métro Falguière. Là-bas, c’est le côté riche.

Depuis que je suis petit, je vis au 5ème étage d’une grande tour blanche, dans un appartement de cinq pièces. On est sept à vivre là : mes deux grands frères, mes trois grandes sœurs, ma petite sœur et moi. Par le fenêtre, on voit huit autres tours.

Quasiment aucun blanc ne vit là : trois ou quatre dans chaque bâtiment, pas plus. Ce sont souvent des vieilles qui appellent les flics au moindre bruit. Quand mes potes m’attendent en bas de chez moi, des fois, elles leur jettent des œufs et de l’eau pour qu’ils s’en aillent.  (…)

Nous, quand on ne sait pas quoi faire, on va traîner dans les quartiers riches. Y’a à peine 10 minutes de marche à faire. Dès que tu commences à descendre vers le commissariat du 250 rue de Vaugirard, ça commence à être riche : il y a des bâtiments avec des formes bizarres, en verre avec des portes dorées. Les rues sont toutes propres et les gens sont habillés avec des fringues qui coûtent super cher, ça se voit.

Avec mes potes, quand on passe dans leurs rues, ils nous regardent bizarrement. Ils ont peur vu qu’on est noirs et arabes, c’est sûr. Après, ils s’étonnent qu’on rackette leurs fils et qu’ils rentrent tout nus à la maison ! C’est vrai, quand on a besoin d’argent, on les losse (rackette) dans la rue. On leur prend tout ce qui est important, ce qui peut se revendre : smartphones, sacoches, vestes de marque… On peut gagner jusqu’à 500 ou 600 euros par mois comme ça.

Mais c’est surtout parce qu’on ne peut pas demander à nos parents de nous filer de l’argent. Et aussi pour qu’ils deviennent plus pauvres que nous. Comme ça, leurs parents finiront bien par arrêter de leur acheter des trucs de marque !

(merci à Nebo)

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