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La ville industrielle illustre le revirement idéologique du Parti social-démocrate, qui, avant les élections du 9 septembre, mène une campagne dominée par le durcissement de sa politique d’immigration.

Assis sur une boîte en plastique devant une pharmacie, dans le centre d’Eskilstuna, le vieil homme, visage fripé et dents gâtées, tend la main aux passants. Comme lui, ils sont entre cinquante et soixante-dix Roms de Roumanie et de Bulgarie vivant de mendicité dans cette commune de 105 000 habitants située à 110 km à l’ouest de Stockholm.

Le 14 juin, la majorité municipale, composée des sociaux-démocrates, des conservateurs et des centristes, a voté une motion, avec le soutien de l’extrême droite, soumettant la « collecte passive d’argent » sur la voie publique à une autorisation, obtenue en commissariat contre le paiement d’un droit.

De l’avis général, l’arrêt devrait être annulé par le conseil régional. Mais le message est clair, selon Carolina Bäck, la cheffe de Stadsmission, l’association d’aide aux sans-abri : « Dans les faits, il s’agit d’une interdiction de mendier à destination de personnes en situation très précaire qu’on présente comme un trouble à l’ordre public. » Elle y voit un signe de la « polarisation » du débat à Eskilstuna, ville tiraillée par des vents contraires : creuset industriel devenu cité universitaire, petite commune de province englobée dans le grand Stockholm, foyer d’immigration où l’intégration s’est arrêtée, dans le sillage des crises successives.

Les sociaux-démocrates (SAP) y gouvernent depuis 1919. En 2014, ils se sont alliés aux conservateurs et aux centristes, après avoir gouverné pendant dix-neuf ans avec le Parti de gauche (Vänsterpartiet, ou V, gauche radicale). Maria Chergui, leader de la formation désormais dans l’opposition, ne décolère pas : « On a fait de notre ville une pépinière où on tente des expériences pour voir ce qui peut être appliqué ailleurs. » (…)

(Merci à valdorf)

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