Dans une tribune au « Monde », l’ancien ministre délégué à la promotion de l’égalité des chances, Azouz Begag , estime que l’histoire et le politique ont disparu de la Coupe du monde. La France black-blanc-beur de 1998 n’est plus. La mondialisation a fait son œuvre selon lui.
Je suis désolé de voir à quel point les Maghrébins de France, depuis quarante ans, se sont montrés incapables de s’organiser pour lutter contre le statut de boucs émissaires dont les politiques les ont dotés. Algérie patriotique, novembre 2016
Le football fait rêver. Il est un marqueur d’identité qui exalte les fiertés et qui, après une victoire, réunit dans une incroyable communion toutes les différences qui composent une nation. Il rassemble, alors que la politique divise.
Chez les uns et les autres, la catharsis qu’il génère croise toutes sortes d’histoires individuelles et collectives. Soif d’existence, de reconnaissance, d’intégration, de valorisation nationale, revanche sur l’histoire, sur l’esclavage, sur les colonisations et besoin d’aimer, tout simplement.
L’histoire et les revendications identitaires étaient omniprésentes dans les matchs. Elles donnaient de la résonance aux compétitions
Après la qualification de la France pour la finale, mardi 10 juillet, on pouvait mesurer dans les rues cet immense besoin de consolation nationale des Français. Le foot est une fabrique d’identité universelle comme il n’en existe aucune autre, l’ultime, « l’autre religion ». Il exalte les identités, dans la démesure, entre minorités et majorité d’un pays, comme on l’a vécu en 1998. Ce fut le printemps de la République.
Les Blacks-Blancs-Beurs exhalaient le bon parfum multiculturel. La France métissée championne du monde offrait à chacun la possibilité de s’identifier à une histoire à travers un joueur, Zidane pour les Algéro-Kabyles et les Arabes des banlieues, Djorkaeff et Boghossian pour les Arméniens, Lizarazu pour les Basques, Karembeu pour le peuple kanak, Thierry Henry et Thuram pour les Antilles, etc. […]