Entre 2000 et 2016, la part des enfants ayant au moins un parent étranger est passée de 15 à 24 %.
Mais ce phénomène est minoré par le jeu des naturalisations. “Dans les unions dites “mixtes”, plus de 60 % des conjoints français sont d’origine étrangère”, précise Michèle Tribalat.
En France, s’interroger sereinement sur les effets de l’immigration reste une entreprise périlleuse. Entre notre passé colonial, les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, la crainte de faire le jeu de l’extrême droite, tout se conjugue pour rendre la question taboue. En matière démographique, pourtant, la vérité est simple à énoncer : l’immigration joue un rôle majeur.
Tous les indicateurs convergent. Citons-en trois. De 1960 à 2011, l’immigration a augmenté la population vivant en métropole de quelque 9,7 millions de personnes (soit 15,4 % du total). Le nombre de naissances s’en est trouvé accru de… 27 %. Et sans elle, l’indice conjoncturel de fécondité n’aurait pas été de 2 enfants par femme, mais de 1,86.
Tous ces chiffres ont été calculés par Michèle Tribalat, une démographe dont le sérieux des travaux n’est pas contesté, à la différence des conclusions qu’elle en tire parfois et qui alimentent le débat. […] Un bouleversement plus sensible encore si l’on remonte à la génération antérieure. “En 2014, reprend-il, 40 % des nouveau-nés avaient au moins un grand-parent immigré.” […]