Tribune du philosophe Vincent Cespedes appelant à la « fraternité » avec les migrants.
Le mouvement ou la mort : telle est l’alternative qui a fait l’histoire humaine, et qui continuera de la faire. Ne nous laissons pas voler notre mémoire par les propagandes sécuritaires qui sévissent un peu partout depuis dix ans !
La question migratoire n’est en rien une question de «bonne volonté», de «faux bons sentiments» (E. Macron) ni d’humanisme abstrait: elle est profondément politique, et concerne chacun d’entre nous. […]
Le néolibéralisme a besoin de boucs-émissaires pour s’exonérer de ses propres fiascos et détourner les regards de l’impérialisme qui l’alimente – premier producteur de guerres dans le monde. La propagande raciste permet en outre de diviser la classe populaire (immigrés qui viendraient voler le pain des travailleurs nationaux) et ainsi d’empêcher l’émergence d’un rapport de force par l’auto-organisation des opprimés. […]
« Yallah ! » était le mot préféré de Sœur Emmanuelle. Un «En avant !» arabe, avec du divin dedans. L’«En Marche» macronien a lui aussi sa source religieuse. On la trouve dans la philosophie de Paul Tillich, théologien allemand révolté par la montée du nazisme et exilé aux États-Unis dès 1933. […]