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À l’heure où nous célébrons tous ensemble la magnifique victoire de l’équipe de France en finale de la Coupe du Monde de football, une question semble encore tarauder certains commentateurs : doit-on encore parler de la diversité des origines au sein de cette belle équipe française ?

La diversité des origines n’est-elle pas un débat éculé tant l’équipe de France de football – sport populaire par excellence – a toujours eu parmi ses principaux porte-drapeaux des figures représentatives de l’histoire française et de ses différentes vagues d’immigration (Raymond Kopa, Michel Platini, Zinédine Zidane, etc.) ? N’est-ce pas un problème qu’il y ait toujours quelqu’un pour souligner cette diversité ?

C’est un peu le sentiment qui ressort à la lecture de la presse française de ce matin et des derniers jours : “Quelque chose a changé par rapport à 1998. Plus personne ne fait une lecture diversitaire de cette équipe. La diversité n’est plus un sujet. Ce n’est plus l’équipe de France black-blanc-beur, c’est tout simplement l’équipe de France”, observe le conseiller et porte-parole de la présidence de la République Bruno Roger-Petit, cité par François-Xavier Bourmaud dans Le Figaro .

“Si on s’est glorifié il y a vingt ans d’une France “black-blanc-beur” victorieuse, c’est l’adhésion commune à la France qui est glorifiée. Mbappé la personnifie en voulant “tout faire” pour elle. Griezmann conclut ses commentaires d’un puissant “Vive la République !”. Là où on se félicitait – avant de déchanter – de la “diversité”, on exalte aujourd’hui l’unité.”, a écrit quant à lui Guillaume Tabard il y a quelques jours, toujours dans Le Figaro .

Ou encore, lorsque l’un des principaux artisans de cette victoire française, Kylian Mbappé, déclare dans une formidable interview au Monde : “Je n’ai jamais entendu, quand la France a gagné une compétition, dans n’importe quel sport : “Ah, ils ont gagné, mais il y avait trop de Noirs dans l’équipe.” Quand tu perds, c’est un problème sportif ; quand tu gagnes, c’est une réussite sportive”.

Pourtant la question de la diversité mérite d’être posée, dans un contexte où la xénophobie n’est pas absente de nos contrées et où les sujets liés à l’immigration continuent de susciter de vifs débats.

Le fait est que l’équipe de France de football est l’une des plus diverses parmi toutes les équipes nationales dans tous les sports. Parmi les 23 Bleus présents au Mondial en Russie, plus de la moitié ont des origines sur le continent africain (Guinée, Mali, Sénégal, Angola, Algérie, Maroc…). Deux y sont même nés (Samuel Umtiti au Cameroun, Steve Mandanda en République Démocratique du Congo). Antoine Griezmann, meilleur buteur de l’équipe, a des origines allemandes et portugaises, Hugo Lloris et Lucas Hernandez, des origines espagnoles…

Beaucoup de médias internationaux ont d’ailleurs souligné que cette diversité était l’apanage des équipes présentes dans le dernier carré de la compétition, les sélections anglaises et belges étant elles aussi placées sous le signe de cette diversité. Associated Press cite d’ailleurs une étude universitaire de 2013 – ayant examiné 10 ans de matches de Ligue des Champions – pour démontrer que les équipes les plus multiculturelles dépassaient en performance les équipes où la diversité était moindre.

Il semble intéressant de rapprocher cette étude de celle réalisée par McKinsey depuis 2015 – et récemment mise à jour . Cette étude – intitulée Diversity Matters – a ainsi montré l’impact positif de la diversité sur les performances des entreprises. Selon le cabinet, les entreprises dont les équipes et le conseil d’administration sont représentatifs de la diversité de genre et d’origine ethnique ont 33 % de chances de générer des résultats financiers supérieurs à la moyenne de leur pays dans leur secteur.

La tendance à la diversité est telle que nous arriverons bientôt à un point où nous pourrons nous concentrer sur autre chose que sur l’origine de nos joueurs. Ce qui fait la force de cette équipe, c’est avant tout sa capacité à jouer collectif et solidaire, à défendre et à attaquer ensemble, à produire un jeu solide grâce au “management” efficace de Didier Deschamps.

Alors, faisons en sorte que la diversité ne gagne pas seulement sur les terrains de foot, mais aussi dans nos entreprises. Vivement que chacun comprenne rapidement que la diversité est une formidable source de réussite.

Les Echos

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