Gabriel Attal, porte-parole d’En-Marche, était invité hier sur le plateau de BFM TV pour défendre la position du gouvernement sur l’Affaire Benalla.
Perrine Storme (BFMTV) : «L’Elysée n’a-telle pas été coupable de naïveté en pensant que cette vidéo n’allait pas sortir ?»
Gabriel Attal (LREM) : «Ce qui m’importe c’est qu’à chaque fois qu’il y a un élément, une décision soit prise»
Igor Sahiri (BFMTV) : «On a compris votre élément de langage ! Votre collègue a dit exactement la même chose.»
– BFM TV, 20 juillet 2018, 21h44
Affaire Benalla : LREM fournit les éléments de langue de bois à ses députés et militants
Alors qu’Emmanuel Macron et la majorité gouvernementale subissent une crise majeure avec l’affaire Benalla, le patron de leurs députés, Richard Ferrand, a fourni à ses marcheurs un document de travail pour contrecarrer médiatiquement les critiques.
LREM contre-attaque (enfin). Si le parti macronien semble en sérieuse difficulté après l’affaire Benalla, Le Figaro annonçait le 20 juillet que Richard Ferrand avait transmis un message à l’attention des élus marcheurs.
Le président du groupe LREM à l’Assemblée nationale a ainsi diffusé des éléments de langage pour permettre à chaque mlitant de contourner la polémique face aux critiques de l’ensemble de la classe politique et aux questions des journalistes. Le quotidien a effectivement pu obtenir le contenu de ces phrases toutes faites, qui seront reprises, dans l’inspiration, par l’ensemble des élus LREM :
– «Notre majorité a répondu favorablement à la demande de création d’une commission d’enquête ; la commission des Lois possède désormais les prérogatives pour le faire, et les premières auditions seront programmées très vite.»
– «Le Parlement, en toute indépendance, pourra travailler sereinement et rendre ses conclusions.»
– «Par ailleurs, l’Inspection Générale de la Police Nationale [IGPN] a été saisie et le Procureur de la République de Paris a ouvert une enquête préliminaire. L’ensemble des autorités compétentes est donc mobilisé afin de connaître la vérité. Les accusations de volonté d’étouffer cette affaire sont donc infondées.»
– «Pour autant, alors que les réponses judiciaires et parlementaires ont été apportées, les débats ne reprennent pas normalement. Les oppositions, dans une alliance complice, font feu de tout bois pour troubler et interrompre les débats.»
De fait, le 20 juillet, ces idées ont été reprises de concert par certains parlementaires macronistes. A l’assemblée nationale, Aurore Bergé a notamment dénoncé «une obstruction parlementaire» de la part de l’opposition. «Vous dites impunité, je dis qu’il y a trois enquêtes en cours, une enquête judiciaire, la saisine de l’IGPN et même deux commissions d’enquête à l’Assemblée nationale et au Sénat», a-t-elle poursuivi en dénonçant l’attitude des députés de l’opposition.
Des débats ? Quels débats ?
La tentative systématique d'obstruction parlementaire depuis le début ?
Ou le fait de vouloir désormais transformer notre hémicycle en tribunal ? #pjlconstit #AffaireBenalla https://t.co/qO7DjcOZXT— Aurore Bergé (@auroreberge) July 20, 2018
Bon point également pour Florian Bachelier qui, sur le plateau de Public Sénat, a lui aussi estimé que «ce que nous constatons depuis hier à l’Assemblée nationale démontre la vacuité des oppositions».«Quand on passe deux jours à faire de l’obstruction, on est loin d’être à la hauteur des attentes des français», a-t-il ajouté. Reprenant ses déclarations dans un tweet, il a d’ailleurs été retweeté par… Richard Ferrand.
Ce que nous constatons depuis hier à l'@AssembleeNat démontre la vacuité des oppositions. Quand on passe deux jours à faire de l'obstruction, on est loin d'être à la hauteur des attentes des français. #ParlementHebdo pic.twitter.com/8d4S7XHeVC
— Florian Bachelier (@F_BACHELIER) 20 juillet 2018
Le combo est, sans surprise, pour Richard Ferrand, qui à l’Assemblée nationale a placé dans une même intervention un premier élément de langage («Je n’accepte pas ce procès sur une volonté d’étouffer [l’affaire]), suivi d’un deuxième élément de langage, (accusant une opposition «irresponsable [de] saboter cyniquement les travaux de l’Assemblée nationale») suivi d’un troisième élément de langage («C’est [l’affaire Benalla] aujourd’hui dans les mains d’une commission d’enquête»), tous trois issus de son propre document.
Affaire Benalla : "Je n'accepte pas ce procès sur une volonté d'étouffer" @RichardFerrand répond à @alexiscorbiere et accuse l"opposition "irresponsable" de "saboter cyniquement" l'examen du projet de loi constitutionnelle. #AlexandreBenalla #DirectAN pic.twitter.com/vCmg1uvKTQ
— LCP (@LCP) July 20, 2018
Enfin, Le Figaro prévient que Richard Ferrand «engage», via ces éléments de langage, les élus de la majorité présidentielle «à porter ces explications le plus largement possible dans les médias comme auprès de nos compatriotes». Pour l’heure, la majorité reste cependant très discrète face à l’ampleur prise par l’affaire Benalla, alors que les révélations s’enchaînent et que la version officielle de l’Elysée est encore mise à mal par des photographies.