Athènes considère que Moscou cherche à torpiller le récent accord signé avec la Macédoine, candidate à l’UE et à l’OTAN, afin de mettre fin à un vieux contentieux sur le nom de cette république ex-yougogoslave.
[…]Le 11 juillet, au début du sommet de l’OTAN à Bruxelles, Athènes a expulsé deux diplomates russes et interdit son territoire à deux autres diplomates.Le milliardaire russo-grec Ivan Savvidis, patron du PAOK, le club de football de Thessalonique, est également mis en cause dans ces interférences, qui ont pour toile de fond l’accord historique signé le 17 juin entre la Grèce et la Macédoine, afin de rebaptiser l’ex-république yougoslave en « Macédoine du Nord », lui ouvrant ainsi la voie d’une adhésion à l’Alliance atlantique et à l’Union européenne.
« Cet accord a conduit à une scission profonde dans la société en Grèce et en Macédoine, a déclaré, le 18 juillet, la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova. Il est évident qu’il est loin de consolider la paix et la sécurité dans les Balkans, ce n’est qu’un outil exclusif pour attirer plus rapidement la république de Macédoine dans l’OTAN. »
Ces propos ont indigné Athènes, qui dénonce « un exemple caractéristique d’irrespect pour un pays tiers et de manque de compréhension du monde actuel, où les Etats, indépendamment de leur taille, sont indépendants ». Mercredi soir, la diplomatie grecque a estimé que Moscou « semble vouloir légitimer ces actions illégales », ajoutant : « Personne ne peut ou n’a le droit d’intervenir dans les affaires intérieures de la Grèce. »[…]
Selon plusieurs sources, les diplomates russes auraient notamment tenté d’influencer la République monastique du Mont-Athos pour contrer le projet. Dans ce haut lieu orthodoxe, considéré de tout temps comme une porte d’entrée des espions russes d’après les médias grecs, pas moins de quatre-vingt-dix moines russes ont changé de nationalité ces dix dernières années.
De plus, selon une enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un collectif de journalistes d’investigation est-européen, soutenu par le département d’Etat américain, le milliardaire Ivan Savvidis aurait déboursé des centaines de milliers d’euros pour financer des mouvements de protestation à Skopje contre l’accord du 17 juin.[…]
Ivan Savvidis, qui s’est illustré le 11 mars en déboulant avec un pistolet à la ceinture sur la pelouse d’un stade, en Grèce, doit sa fortune, estimée à 1,9 milliard de dollars, au principal fabricant de cigarettes russe, Donskoy Tabak, devenu sa propriété après sa privatisation. Député russe jusqu’en 2011, cet homme de 59 ans, que l’on dit proche de Vladimir Poutine, a acquis la nationalité grecque en 2013.[…]