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Par Amandine Bery, Neurobiologiste, post doctorante en neurosciences, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

S’il est une question brûlante, âprement débattue dans le milieu scientifique comme dans le grand public, c’est bien celle relative à l’héritabilité de l’intelligence. Mais de quoi parle-t-on, précisément? Tout d’abord, définissons l’intelligence. Selon le psychologue anglais, Charles Spearman, la « capacité cognitive générale » ou intelligence générale (appelée « g ») inclue les intelligences logico-mathématiques, émotionnelles, sociales et artistiques. Cette capacité est un indicateur prédicateur de la santé, et du statut éducatif et professionnel des individus.

Comment la mesure-t-on ? L’intelligence est évaluée à partir d’une batterie de tests de quotient intellectuel (QI) sensés rendre compte de ces différents aspects. C’est ce QI qui va à être utilisé dans les tests génétiques afin de mesurer la contribution génétique décisive à l’intelligence.Et pourtant, à ce jour, aucun gène n’a été formellement associé au QI, relève le généticien Pierre Roubertoux. Comment comprendre ce paradoxe ?

Pour progresser dans notre explication, penchons-nous sur le concept d’héritabilité. Selon Thomas J. Bouchard Jr, professeur émérite de psychologie et directeur du Minnesota Center for Twin and Adoption Research à l’université du Minnesota, un comportement est héritable si des facteurs génétiques (par exemple, gènes et régulateurs de l’expression des gènes) expliquent pourquoi ce comportement diffère selon les individus d’une population donnée. […]

Ainsi l’équipe de D. Posthuma à l’Université libre d’Amsterdam a identifié des variants sur quarante gènes impliqués dans des fonctions cérébrales et des troubles psychiatriques, confirmant que les mêmes facteurs génétiques ont des variations influençant à la fois les pathologies de l’intelligence et l’intelligence normale. Toutefois D. Posthuma et d’autres spécialistes notent que ces pathologies impliquent tant de gènes (environ 300) qu’il serait prématuré de faire un lien direct entre gène et phénotype. […]

C’est ici le moment de souligner que les facteurs environnementaux et sociaux, non pris en compte dans les tests génétiques, influencent considérablement l’intelligence. Robert Plomin et Ian Deary du King’s College de Londres ont par exemple montré que l’héritabilité de l’intelligence augmente significativement depuis l’enfance jusque chez le jeune adulte, confirmant l’influence décisive de l’environnement et l’évolution du niveau d’intelligence avec les expériences acquises au cours de notre vie. […]

The ConversationEn identifiant des variants de gènes, les tests génétiques sont particulièrement pertinents pour améliorer la compréhension des pathologies de déficiences intellectuelles. Par contre, on l’aura compris, trouver des gènes associés aux variations normales de l’intelligence est difficile et demande des investigations plus poussées encore.

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