Pendant six ans la ville de Saint-Denis s’est heurtée à l’inertie de ce médecin loueur de logements indignes. Ses pairs lui ont interdit d’exercer pendant six mois.
C’est une ordonnance bien particulière qui a été délivrée à ce médecin psychiatre parisien. La chambre disciplinaire nationale de l’ordre des médecins vient de lui signifier une interdiction d’exercer pendant six mois.
Propriétaire de deux logements insalubres qu’il louait au 32 bd Marcel-Sembat à Saint-Denis, le praticien est resté sourd pendant six ans aux injonctions de la mairie et du préfet de réaliser des travaux dans ses logements insalubres et de régler un gros arriéré de charges. En désespoir de cause, la mairie de Saint-Denis a saisi l’Ordre national des médecins.
« Gérant de deux SCI, il refusait de s’acquitter des charges de copropriété et de remédier à l’insalubrité dans les logements, explique Stéphane Peu, qui était à l’époque adjoint PC à l’urbanisme. Nous avons été contraints de nous substituer financièrement à lui pour réaliser les travaux indispensables à la sécurité des biens et des personnes », poursuit l’actuel député. Le 32, boulevard Marcel-Sembat était dans un triste état. Dans l’un des appartements du docteur, au 4e étage le plancher risquait de s’effondrer. Les installations électriques hors d’âge faisaient courir de graves dangers aux résidents et du plomb avait été détecté sur les murs.
Propriétaire peu regardant sur ses logements, il était aussi mauvais payeur. Sa dette de charges dépassait les 160 000 €.
Contacté, le médecin nie en bloc les accusations. « J’ai toujours payé mes charges. Mais nous avons eu affaire à un syndic corrompu. En tant que médecin je n’ai commis aucune faute », se défend-il. Il vient de saisir le Conseil d’Etat afin qu’il suspende la sanction. Il ajoute avoir réglé fin 2015, ses dettes et explique ce retard de paiement « par des difficultés de trésorerie et non par une mauvaise volonté ».
Des arguments qui n’ont pas convaincu la chambre disciplinaire. Le médecin se trouve à la tête d’un véritable petit empire immobilier, ne comptant pas moins de 28 logements. Un patrimoine très lucratif puisqu’il dégage un rendement de 20 % par an.
Propriétaire aux abois, selon lui, en 2017, il s’enorgueillissait cependant en août de la même année, dans le quotidien algérien El Watan, d’avoir investi dans un laboratoire d’analyses médicales « ultramoderne » employant huit personnes. « Mon retour au pays n’est pas motivé par une question financière mais une reconnaissance pour l’Algérie qui m’a formé et a fait de moi ce que je suis », confiait-il.