Plus d’une semaine après les révélations du « Monde », l’ex-chargé de mission de l’Elysée a accepté de répondre longuement aux questions du Monde.
L’entretien, que nous n’avons pas fait relire, s’est déroulé à Paris, mercredi 25 juillet, au domicile de Marc Francelet, un ancien journaliste reconverti dans les affaires qui se présente aujourd’hui comme « communicant ». Lors de la séance photo, réalisée en fin de journée, est apparue Michèle Marchand, figure de la presse people et très proche du couple Macron. Preuve que dans la tempête, M. Benalla n’est pas un homme seul.
Estimez-vous avoir « trahi et déçu » Emmanuel Macron ? Ce sont ses mots…
Ce sont des déclarations que je comprends. Parce que s’il y a un problème autour du président de la République, il ne doit pas être provoqué par un collaborateur. C’est quelqu’un qui avait – et qui a toujours, je pense – confiance en moi, dans mon action au quotidien. Mais au vu de ce que cette histoire a déclenché, je ne vois pas quels autres termes il aurait pu employer pour qualifier la situation. Donc forcément qu’il y a de la déception, forcément qu’il doit y avoir un sentiment de trahison…
Avez-vous le sentiment de l’avoir trahi ?
Moi, je n’ai pas le sentiment d’avoir trahi le président de la République, j’ai le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise. Et d’avoir commis une faute. Mais cette faute, elle est plus d’un point de vue politique : je n’aurais jamais dû aller sur cette manifestation en tant qu’observateur, puis j’aurais, peut-être, dû rester en retrait. […]
Il dénonce également “une volonté d’atteindre” le chef de l’Etat.
“On a essayé de m’atteindre, de me tuer, et c’était l’opportunité aussi d’atteindre le président de la République. Les faits, je les assume, je ne suis pas dans la théorie du complot, c’est la réalité. Sur ce qui s’est passé après, je suis beaucoup plus réservé. Il y avait en premier une volonté d’atteindre le président de la République, c’est sûr et certain. Et je suis le maillon faible, je le reconnais.”
“Je ne dis pas que j’ai servi de fusible, je dis juste que ça a servi plusieurs intérêts, un intérêt pour atteindre le président de la République, à un moment pas mal pour lui, une bonne séquence”, poursuit l’ex-collaborateur de l’Elysée.
Selon Alexandre Benalla, “les gens qui ont sorti cette information sont d’un niveau important (…) des politiques et des policiers. Et je ne pense pas (au ministre de l’Intérieur Gérard) Collomb en qui j’ai confiance, je ne suis personne pour lui. Mais il y a des gens qui travaillent autour de lui qui auraient pu…”