Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’asile, estime mercredi sur franceinfo que, dans les faits, la réponse pénale n’est pas à la hauteur du phénomène.
Un vaste trafic d’êtres humains vient d’être démantelé en France et en Espagne. Sept personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’avoir fait entrer clandestinement en France 350 réfugiés africains. […]
Qui sont ceux qui se livrent à de telles activités en Europe et en France ?
Ce sont des gens qui considèrent qu’il est plus rémunérateur de se livrer à des trafics d’êtres humains qu’à d’autres trafics, parce que c’est moins coûteux pénalement et plus rentable financièrement. Ça peut aller de l’entreprise familiale aux réseaux très organisés. Plus les routes taxées aux territoires européens sont difficiles, plus ces trafics vont exister et proliférer. Sur le papier, le Code pénal prévoit en France des peines de prison allant de 5 à 20 ans en cas de crime en bande organisée. Sauf que les dernières sanctions que nous avons vues s’établissent à environ 3 ans de prison. C’est très peu, et ça renvoie au statut de la victime. Évidemment qu’il faut traquer les passeurs, mais il faut aussi protéger les victimes, et nous en sommes au balbutiement en France et en Europe.
À qui profite ce trafic d’êtres humains ?
Le coût d’un passage est relativement onéreux.
À partir de là, la personne va devoir rembourser à un taux d’usure, c’est à dire que si le passage a couté 10 000 euros, la personne va devoir rembourser 40 000 euros, et le remboursement ne peut se faire qu’à travers un certain nombre d’activités, de travail, de mendicité organisée, de prostitution.
Je rappelle que ce sont surtout des femmes qui sont victimes de traite. L’ONU estime que 84% des victimes de traite dans le monde sont d’abord des femmes