[…] Environ 10,1 millions d’Africains sont morts lors d’affrontements entre 1960 et 2005 selon Human Security Brief (2007). Depuis 10 ans, les situations de conflits se sont généralisées à travers le continent, touchant l’essentiel des pays. Une société en conflit est marquée par la rupture du contrat social. Dès lors, ses acteurs s’affrontent sur l’objet de leurs différences. Jusqu’ici, les solutions sont beaucoup plus exogènes, appelant à l’intervention de la Communauté internationale.
Plusieurs États africains sont actuellement fortement centralisés et il existe une certaine idéologie selon laquelle il faut rejeter les traits distinctifs pour sceller l’unité nationale. […] La prise des décisions à la base garantit aux communautés la possibilité de se renouveler librement et de progresser sans subir le diktat des autres communautés. Aussi, cela donne la possibilité de se libérer des identités de naissance (ethnies, handicaps, etc.) au profit des identités de résidence plus opérationnelles et pertinentes pour la gouvernance sociale, sur une base libre et compétitive.
Certains groupes peuvent atteindre des situations de privilège à partir desquelles ils dénient aux autres tout droit ou tout statut. C’est le cas du népotisme qui sévit dans l’administration publique africaine. Face à ces velléités de ségrégation, il faut appliquer une meilleure gouvernance qui garantit l’équilibre social en préservant tous les intérêts en présence.
[…] Pour éviter que les discussions ne dégénèrent, il convient de promouvoir la culture du compromis et de tolérance politique. […] Si des gens différents peuvent se quereller, se battre et se haïr, ils peuvent aussi s’aimer, s’aider et coopérer entre eux. Pour y parvenir, il faut créer des passerelles sociales. Cela passe par la présentation de la diversité comme une richesse. […] En l’état, des leaders charismatiques comme Kwamé Nkrumah, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Ruben Um Nyobé, etc. ne sont que très rarement évoqués lors des discours officiels et les manuels scolaires. Pourtant, la littérature insiste sur la dimension affective des appartenances déclarées. Il s’agit des rituels qui permettent aux individus de rattacher leurs émotions et leurs identités particulières à une sphère politique plus large. C’est l’acte d’intégration qui est un facteur de paix civile et politique. […] C’est de la responsabilité individuelle de chaque citoyen d’être un modèle d’intégrité à son niveau.