Les vagues migratoires inquiètent les Européens. L’Histoire, pourtant, dément nombre d’idées reçues, de la Gaule romanisée à la Finlande soviétisée.
[…] Deux vagues migratoires dans l’histoire de France donnent matière à réfléchir aux conditions de résilience ou au contraire de « remplacement » des populations. La première de ces arrivées remonte à la conquête de la Gaule par les légions romaines, achevée cinquante ans avant Jésus-Christ, et a effectivement eu pour conséquence le remplacement culturel de la population indigène. La latinisation profonde de la population gauloise, accélérée par la prise de très nombreux esclaves, et la mise en place de colonies de droit latin et de droit romain, prévaut toujours. […]Quel rapport existe-t-il entre les événements historiques décrits plus haut et ceux que nous vivons en ce moment ? En réalité, bien peu. Le seul dénominateur commun est le suivant : il s’agit d’une arrivée de nouvelles populations sur le territoire européen. Mais, contrairement à ce qui prévalait lors des invasions barbares du Ve siècle, le nombre de migrants est, comparé à la population déjà présente, infime.
Pour mémoire, le Bas-Empire romain comptait, selon l’historien Peter J. Heather, 70 millions de citoyens, contre près de 512 millions pour l’Union européenne en 2017. De plus, beaucoup de réfugiés sont assez largement sécularisés, et éduqués, et ne s’imposent certainement pas par la violence : ils ne sont pas constitués en légions, et ne sont pas non plus mandatés par un Etat étranger. Ils n’ont pas non plus véritablement d’unité culturelle.
[…] Comment alors croire que nos nations, nos cultures puissent être mises en danger par l’immigration actuelle ? Il ne s’agit pas ici de dire que l’accueil de populations immigrées n’est pas problématique, mais qu’il ne s’agit certainement pas d’un danger mortel pour l’Europe ou pour la France, comme on cherche parfois à nous le faire croire. C’est bien la force de l’organisation structurelle, et de la vie culturelle d’une société, qui permet d’absorber et d’intégrer des populations. Cette intégration prend souvent plusieurs générations. […] Il serait donc opportun, en ces temps de troubles aux portes de l’Europe, d’accueillir sans angélisme ni hystérie, des populations qui cherchent avant tout une vie meilleure, en se souvenant que l’Europe de l’Ouest a déjà accueilli, depuis la fin de l’Empire romain, de nombreuses tribus germaniques, des Huns, des Avars, des Vikings… Aucune de ces arrivées, bien plus déstabilisantes que celles auxquelles nous assistons ces dernières années, n’a entraîné la disparition de notre société latine.