Dans une tribune au « Monde », Ian Brossat, le chef de file du Parti communiste français aux européennes, dénonce le discours de l’Elysée qui réduit ce scrutin à un choix entre «progressistes» et nationalistes d’extrême droite.
Selon la petite musique qu’Emmanuel Macron et ses soutiens diffusent depuis plusieurs mois, les élections européennes du 26 mai 2019 se joueront entre les « progressistes » qu’ils prétendent incarner et les nationalistes d’extrême droite. Ce refrain est un mensonge dangereux. En juillet, devant le Parlement réuni en Congrès, le chef de l’Etat affirmait : «La frontière véritable qui traverse l’Europe est celle aujourd’hui qui sépare les progressistes des nationalistes.» […]
D’abord, elle offre en cadeau à l’extrême droite européenne les millions de citoyens qui n’adhèrent pas à l’intégration européenne telle qu’elle a lieu. Il faudrait créditer l’ensemble de ce mécontentement, bien souvent légitime, aux seuls amis de Madame Le Pen ?
Les libéraux macronistes peuvent-ils concevoir que les Européens aient de bonnes raisons de contester le fonctionnement actuel de l’Union, qui trop souvent tourne le dos à la démocratie et promeut partout, aveuglément, la même politique économique d’austérité budgétaire qui a fait la démonstration de son inefficacité ? Il est bien commode – et bien méprisant – de disqualifier sans nuance cette objection citoyenne en la rangeant du seul côté du « racisme » et du « repli nationaliste ». […]