Rien n’arrête la marée montante des « violences gratuites » en France. Depuis le 1er janvier, le nombre d’agressions non crapuleuses (commises dans un but autre que le vol) frise le millier d’actes quotidiens. Un record. Le bilan de la délinquance pour le premier semestre 2018, alimenté par les services de police et de gendarmerie, fait ainsi état de plus de 173.000 actes de violence (hors vols), soit une moyenne de 956 agressions par jour.
À ce chiffre, il faut ajouter les violences sexuelles, dont le nombre de faits portés à la connaissance des autorités a littéralement explosé au premier semestre, passant de 20.827 faits signalés dans la France entière, du 1er janvier au 30 juin de l’an dernier, à 24.884 actes recensés sur la même période de 2018. C’est près de 140 faits de violence sexuelle rapportés chaque jour en moyenne aux forces de l’ordre. La hausse pour le premier semestre dépasse donc les 19 %. Et encore ne s’agit-il que des infractions déclarées, car le chiffre noir est, selon les enquêtes réalisées par sondages auprès des victimes, au moins cinq fois plus important.
Pour les fonctionnaires de police, cette recrudescence des violences gratuites s’explique par l’impunité dont profiteraient les auteurs de ces actes.
Il suffit d’un regard. Deux individus se croisent, se toisent et c’est tout. Un coup d’œil ou une simple cigarette refusée: un motif parfois suffisant pour que se déchaîne une haine hors de toute proportion. Une violence sans cause, mais aux conséquences parfois tragiques. À Paris, au petit matin du 8 août, un homme monte dans un bus avec son vélo. Un voyageur lui fait une remarque. Quelques secondes après, le voilà gisant sur le trottoir, le cou transpercé par un coup de clef.
Aux premières loges de ce spectacle sinistre, les policiers. Car derrière les chiffres démontrant la hausse des agressions, se cache un sentiment diffus au sein des forces de l’ordre: celui d’un recours toujours plus débridé à la violence par la population, d’une «radicalisation des rapports sociaux», voire d’un «ensauvagement de la société» pour reprendre les termes de Patrice Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie police.