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L’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, né à Pointe-Noire (République du Congo), naturalisé en 1997, est revenu sur son refus de participer au projet francophone d’Emmanuel Macron sur France Inter. Pour lui, « la francophonie est la continuation de la politique étrangère de la France», telle qu’elle était du temps des colonies.

«Ce que je revendique dans ma langue française, c’est l’accent congolais. Lorsque j’écris, même mes silences ont des accents», explique l’auteur.

S’il possède la double nationalité française et congolaise, Alain MABANCKOU affirme avoir été considéré pour la première fois en Amérique comme « un écrivain français » et refuse de se laisser cataloguer : « J’écris de la littérature française, pas de la littérature noire francophone », dit-il. ( Tous créoles, 2012 )

«La Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies.» C’était en janvier dernier. Alain Mabanckou prenait la plume pour expliquer son refus de participer au projet francophone d’Emmanuel Macron. Sept mois plus tard, l’écrivain, auréolé du prix Renaudot 2006, est toujours aussi pugnace. Invité à l’antenne de France Inter pour parler de son douzième roman “Les Cigognes sont immortelles”, (Seuil), il a défendu une vision plurielle de la langue française avant de dénoncer la politique internationale de la France.

Comme toujours chez Alain Mabanckou, l’écriture est politique. Comme toujours aussi, elle est un moyen romancé d’éclairer la réalité et a fortiori l’Histoire. Les Cigognes sont immortelles, fresque du colonialisme et de la décolonisation, ne fait pas exception. L’œuvre permet non seulement de revenir avec «humour» et «ironie» sur «les rapports entre la France et l’Afrique [qui] n’ont jamais été discutés de façon apaisée» mais elle est une manière pour l’auteur de faire parler son héritage linguistique.

La langue française une et unique est un mythe , souffle Mabanckou. «Quand j’écris dans la langue française, tout le monde sait bien que ce n’est pas Houellebecq qui est en train d’écrire, ou Foenkinos. On sait que c’est un Congolais qui est en train d’écrire la langue de Voltaire, de Kourouma et de Sony Labou Tansi», indique l’auteur. […]

Le Figaro

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