Pour la deuxième soirée, des sympathisants d’extrême droite ont battu le pavé dans cette ville allemande après le meurtre d’un homme de 35 ans. Article de Thomas Wieder envoyé spécial du Monde.
Avec son mètre quatre-vingt-douze, son regard sombre et ses chaussures à épais crampons, Ali ne manque pas d’arguments pour faire réfléchir ceux qui voudraient lui chercher des embrouilles. Malgré cela, cet Afghan de 19 ans, réfugié en Allemagne depuis novembre 2015, le reconnaît sans détours : « Aujourd’hui, j’ai peur. Bien sûr, cela ne m’empêche pas de vivre. Mais je sais désormais que tout peut m’arriver d’un instant à l’autre.»
Lundi 27 août, Ali faisait partie du gros millier de manifestants qui se sont rassemblés dans le centre-ville de Chemnitz (Allemagne) afin de tenir tête à l’extrême droite venue battre le pavé, pour la deuxième journée consécutive, après qu’un Allemand de 35 ans a été tué au couteau, dans la nuit de samedi à dimanche. Un meurtre dont ont été immédiatement suspectés un Irakien et un Syrien d’une vingtaine d’années – les deux hommes ont été arrêtés lundi par la police –, et qui a été suivi de représailles. […]
«Nazis» ? De l’autre côté de l’avenue, barrée par un important dispositif policier, ceux à qui s’adresse le qualificatif lèvent les yeux au ciel. « Je ne suis pas nazie, je suis juste pour que l’Allemagne redevienne allemande », explique Manuela. Venue exprès de Suhl, une petite ville de Thuringe située à 200 kilomètres de Chemnitz, avec quatre amis, cette commerçante de 39 ans est « exaspérée par ces meurtres à répétition […].