Le Brexit n’a rien changé à l’affaire. Pour les passagers de l’Eurostar au départ du Royaume-Uni, la frontière française se trouve toujours… en Angleterre. À Ashford et Ebbsfleet, mais surtout à Saint-Pancras, la principale gare de Londres. Là, c’est la police aux frontières (PAF) qui contrôle le flux de passagers en partance pour l’Europe, via Eurostar ou Thalys. En manque de moyens, les policiers en charge du contrôle transfrontalier déplorent ne pas pouvoir exercer leurs missions comme ils le devraient ainsi qu’une pression constante de la compagnie ferroviaire.
[…] «La pression d’Eurostar est constante», relève Bibia Dergham. Notamment à la gare du Nord, troisième point de passage frontalier de France, avec 10 millions de passagers à l’année, «où on a le sentiment que ce sont eux qui font la loi», poursuit la déléguée syndicale. « Ils demandent l’ouverture de lignes de contrôles ou passent des consignes directement à la hiérarchie intermédiaire», s’agace l’un de ses collègues.Résultat : les contrôles en question sont bâclés. «Si nous faisions notre travail correctement, le système serait bloqué», résume un autre policier. La faute, selon lui, à un manque de moyens chronique. Ainsi, à Londres, seulement sept fonctionnaires français et un officier sont présents, en temps réel, pour traiter un flux de passagers dont le record s’établit à 25 000 personnes en une seule journée d’été. […]