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Plus de 250.000 travailleuses domestiques immigrées sont employées dans les foyers, liées à leurs employeurs par un système de parrainage qui ne leur garantit aucun droit.

Quand elle est arrivée chez ses patrons, ils ont renversé sa valise, confisqué ses papiers, ses affaires, et lui ont mis un savon dans les mains en lui demandant d’aller se doucher pendant deux heures. Pendant deux heures, elle a dû se laver avec une minutie désespérante, sous l’œil circonspect de toute la famille: «Je sais pas si c’était pour devenir blanche. Je devais enlever les saletés sur moi. J’étais nue dans la douche, tout le monde était là, la patronne, sa fille, son petit-fils… On me disait: ‘lave-toi ici, ta tête, là…’, puis on m’a conduite dans la cuisine pour me montrer ce que je devais faire.» […] Il y a trois ans et demi, Louise [Les prénoms ont été changés] quittait le Togo pour venir travailler au Liban. […]

Le système de «kafala», ou parrainage, est une machine bien huilée au Liban: toute une économie s’est développée autour de la migration de travailleuses domestiques, qui arrivent souvent dans le pays via des circuits organisés par des agences spécialisées. Ces dernières jouissent d’un partenariat avec la Sûreté Générale: près de 400 agences sont officiellement enregistrées auprès du ministère du Travail, et on estime encore à 400 celles travaillant dans l’illégalité.

Elles tiennent des catalogues où sont répertoriés les profils de femmes venant principalement d’Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Philippines, Indonésie, Bangladesh, Népal, Vietnam…) et d’Afrique (Éthiopie, Ouganda, Kenya, Togo, Mali, Madagascar…). Ces catalogues sont présentés aux familles cherchant des domestiques, qui n’auront plus qu’à faire leur choix. Il arrive également que les travailleuses immigrées passent par des réseaux parallèles, familiaux et amicaux, fonctionnant par le bouche-à-oreille.

«Chez nous [pour les Togolais], on loue un appartement qui est notre église, comme les Éthiopiens. Les Philippines peuvent se mélanger, mais nous on n’a pas le droit.
» […]

yahoo/slate

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