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Les préparatifs d’attaques étaient assez avancés. Les militants envisageaient notamment d’empoisonner de la nourriture halal.
La plupart se sont défendus en disant qu’il s’agissait de simples « fantasmes », d’« illusions », de « vœux pieux ». « On a tous nos démons », a concédé un autre, maladroitement, devant les enquêteurs. Deux mois après l’interpellation, entre le 24 juin et le 23 juillet, de treize membres (dix hommes et trois femmes) d’un groupuscule d’extrême droite, soupçonnés de vouloir commettre des attentats en France contre des musulmans, Le Monde a pu prendre connaissance de leurs premières déclarations devant la justice. Des procès-verbaux qui permettent de mieux cerner les intentions de ces militants âgés de 32 à 69 ans, très éloignés des partis politiques, aux confins du survivalisme, de la dérive collective, et en proie à de véritables bouffées meurtrières pour certains.
En réalité, trois types de projets d’attentat avec des débuts de préparatifs ont été découverts par les enquêteurs lors de leurs investigations sur ce groupuscule qui s’était baptisé « Action des forces opérationnelles » (AFO). Certains apparaissent plus improbables que d’autres. Mais plusieurs membres de l’organisation avaient sérieusement commencé à réfléchir à leur mise en œuvre. Le premier visait à tuer « deux cents imams radicaux », le second à « empoisonner » de la nourriture halal dans des supermarchés, le troisième à jeter des grenades sur diverses cibles musulmanes : fidèles lors de prières de rue, librairies de littérature salafiste ou encore automobilistes identifiés après avoir remonté une file de véhicules à scooter. Des projets plusieurs fois évoqués de façon détaillée en réunion. (…)
Les précautions prises par les militants d’AFO pour ne pas être suivis ont même obligé la DGSI, en partenariat avec le service interministériel d’assistance technique, à mener une opération d’infiltration. La justice a donné son accord à cette méthode d’enquête très encadrée.