Depuis plusieurs mois, Chypre voit débarquer sur ses côtes de plus en plus d’embarcations de migrants Syriens en provenance du Liban. Les autorités réclament l’aide de l’Union européenne
“Si les nombres [d’arrivées de migrants, NDLR] continuent à augmenter, ils ne seront plus gérables”, a affirmé mercredi 5 août le ministre chypriote de l’Intérieur Constantinos Petrides. La petite île de la Méditerranée orientale s’inquiète du nombre croissant d’arrivée de migrants syriens sur son territoire.
Chypre n’a pas connu un afflux de migrants massif comme la Grèce ou la Turquie depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 mais voit ces derniers mois débarquer sur ses côtes de plus en plus d’embarcations de migrants syriens en provenance du Liban.
Le pays a reçu 4 022 demandes d’asile au cours des huit premiers mois de 2018, soit 55% de plus que pour la même période de l’an dernier, selon le ministre de l’Intérieur. En 2017, les demandes avaient déjà augmenté de 56% par rapport à l’année précédente. Selon les chiffres de l’Union européenne (UE) pour 2018, Chypre est le premier pays en termes de nombre de demandeurs d’asile au regard de son nombre d’habitants.
“Les Syriens installés au Liban perdent patience”
Comment expliquer un tel afflux de Syriens à Chypre ? “Les Syriens installés au Liban perdent patience. Leur demande d’asile n’aboutit pas et les visas pour les pays européens sont délivrés au compte-goutte. Ils leur restent donc une dernière solution, faute de mieux, qui est celle de rejoindre Chypre, à seulement quelques km du Liban”, précise à InfoMigrants Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon 2, spécialiste de la Syrie. De plus, ils ne peuvent plus se rendre en Europe par la Turquie, le Liban ayant fermé ses frontières avec la Syrie et Ankara n’accordant que très peu de visas aux Syriens.
Un autre facteur permet d’expliquer un tel exode selon Fabrice Balanche. Les autorités libanaises, qui veulent “se débarrasser des réfugiés syriens”, ont assoupli les contrôles de leurs côtes, facilitant ainsi les passages des migrants vers Chypre et le développement de réseaux de passeurs libanais.
Leurs conditions de vie au pays du Cèdre se sont également détériorées dû à la mauvaise santé économique du Liban et aux contrôles renforcés des policiers. “Nombre de Syriens ont peur d’être renvoyés manu militari en Syrie donc ils préfèrent se rendre à Chypre même si ce n’était pas leur premier choix”. Ils savent en effet qu’ils seront bloqués sur l’île mais espèrent néanmoins pouvoir de la sorte atteindre plus facilement l’Europe.(…)