La Ville de Neuchâtel a décidé de reconsidérer la place et l’héritage de Louis Agassiz dans l’espace public. Le glaciologue, accusé d’avoir promu le racisme, soulève la polémique depuis quelques années en Suisse.
La Ville a indiqué vendredi avoir choisi de baptiser l’actuel Espace Louis-Agassiz du nom de Tilo Frey, pionnière de l’émancipation des femmes et des minorités ethniques en Suisse. Elle a fait partie des onze premières femmes élues au Parlement fédéral en 1971, sous la bannière du Parti radical.
L’abandon du nom Espace Louis-Agassiz, où se trouve la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel, a été fait en accord avec le rectorat et sera effectif en 2019.
Cette décision est “exceptionnelle”, précise la Ville. Elle répond à la préoccupation de ne pas porter atteinte à l’image de l’Université au niveau international par une adresse qui la lie à une personnalité controversée.
“On n’est pas en train de déshonorer la mémoire de Louis Agassiz” ou de “céder au politiquement correct”, a déclaré vendredi à Neuchâtel Thomas Facchinetti, conseiller communal en charge de la culture et de l’intégration. “On est conscient de la contribution considérable du biologiste”, cofondateur de l’Université de Neuchâtel et du Musée d’histoire naturelle, à la science.
[…]Louis Agassiz est né à Môtier (FR) en 1807, avant d’émigrer aux Etats-Unis par la suite. Le biologiste est le premier scientifique à avoir parlé de l’âge glaciaire et sa théorie sur les poissons fossiles fait toujours référence dans le monde.
Précurseur de l’apartheid, Louis Agassiz s’était notamment distingué, au 19e siècle, en faisant prendre en photo un esclave congolais, afin de “prouver l’infériorité de la race noire”.
En 2007, le Conseil fédéral avait condamné les opinions du scientifique.