Avec soixante-cinq milliards de dollars pour l’année 2017, selon un rapport de l’African Institute for Remittances (AIR) publié au mois d’avril, les transferts de fonds de la diaspora africaine vers le continent atteignent un niveau record. Ceux-ci s’élevaient à un peu plus de 60 milliards en 2016. Des chiffres qui sont pourtant encore loins de la réalité précise le rapport : « Les données sur les flux de transferts de fonds sont largement sous-estimées en raison, entre autres, de l’utilisation générale des canaux de transferts de fonds informels ou non réglementés et de la capacité de collecte de données relativement faible de nombreux pays d’Afrique.»
En raison des taxes sur les transferts de fonds, les plus élevées au monde, appliquées par les deux poids lourds du transfert en Afrique, les américains Western Union et MoneyGram, le recours à des convoyeurs privés ou à des proches voyageant au pays, difficilement quantifiable, permet de contourner ces « super-taxes ».[…]
Selon la Banque mondiale, le Nigeria, pays le plus peuplé du continent, arrive en tête des pays d’Afrique ayant reçu le plus de fonds de leur diaspora en 2017 avec 22 milliards de dollars, suivi de l’Égypte (20 milliards) et du Maroc (7,5 milliards). Le Ghana et le Sénégal ferment ce peloton de tête avec 2,2 milliards de dollars chacun.
En termes de part du produit intérieur brut, le Liberia domine le classement avec 27 % de son PIB issu de sa diaspora. Pour les Comores et la Gambie, ces transferts constituent 21 % de leur PIB, 15 % pour le Lesotho et 14 % pour le Sénégal.
Cette manne financière est telle qu’elle représente désormais plus du double de l’aide publique au développement pour l’Afrique, estimée à vingt-neuf milliards de dollars en 2017 selon l’OCDE.
Ces transferts de fonds sont cependant principalement utilisés pour subvenir aux besoins de la vie courante et aux problèmes quotidiens. Ainsi, selon la Banque mondiale, les deux tiers servent à l’achat de biens de consommation, souvent alimentaires, et au paiement des frais de scolarité et de santé.
Cette source de financement n’entre donc pas dans le cadre d’investissements productifs tels que la construction d’écoles et autres infrastructures et ne contribue dès lors pas vraiment à la création de richesses.