Le royaume ne laisse plus aucun pays occidental dénoncer ses violations des droits de l’homme sous peine de les frapper au portefeuille.
Les Nations unies ont tiré la sonnette d’alarme. «Des centaines de milliers de vies sont en jeu à Hodeida», a averti jeudi Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l’ONU, au sujet de la population de la ville portuaire yéménite, soumise depuis une semaine à une intense campagne de bombardements saoudiens et émiriens. […]
Le 9 août dernier, 51 personnes, dont 40 enfants, ont trouvé la mort dans une attaque contre leur bus dans la ville de Saada, fief des houthis. Le 23, au moins 22 enfants et 4 femmes sont décédés dans une frappe alors qu’ils fuyaient les combats dans la région d’Al-Douraïhimi, au sud de la ville de Hodeida.
Au contraire de la France, l’Espagne a pris ses responsabilités après le drame du bus de Saada, et décidé d’annuler début septembre une vente de 400 bombes à guidage laser, pour un montant de 9,2 millions d’euros. En représailles, Riyad, sous l’impulsion de son impétueux prince héritier, Mohammed Ben Salmane, le jeune architecte de la guerre au Yémen, a menacé Madrid d’annuler à son tour un contrat autrement plus important : la commande par la pétromonarchie de cinq corvettes, pour 1,8 milliard d’euros, en faveur de l’entreprise publique espagnole de chantiers navals Navantia. Le message semble être passé. Pour sauver sa relation avec l’Arabie saoudite, l’Espagne a tout bonnement fait volte-face en annonçant le déblocage de la vente des 400 bombes.
C’est que l’Europe semble encore sous le choc du sort réservé par le royaume al-Saoud à un autre de ses alliés occidentaux, le Canada. Début août, le pays des deux saintes mosquées a décidé d’expulser l’ambassadrice canadienne à Riyad, de rappeler son ambassadeur à Ottawa, et de geler tout nouvel échange commercial ou investissement avec le Canada. […]
Visiblement, la nouvelle méthode saoudienne semble porter ses fruits. […]