Entre montée des populismes et règne des technocrates, le politologue de 36 ans, figure montante des intellectuels anti-Trump aux Etats-Unis, dresse un tour d’horizon alarmant des Etats démocratiques dans un essai, best-seller à travers le monde.
Dénonçant les excès du néolibéralisme tout en étant «favorable au marché», l’universitaire appelle à «réparer l’économie» : réinventer l’Etat-providence, augmenter les taxes des riches, investir dans l’éducation et défendre une politique du logement offensive sont ses remèdes. Un programme somme toute classique, qui a tout pour plaire à l’intelligentsia de la gauche occidentale et faire de lui une figure montante des penseurs anti-Trump aux Etats-Unis.
[…] […]son rêve d’une Europe cosmopolite se heurte à la dure réalité des frontières. «Après quelques mois de vie au Royaume-Uni, je commençai à mesurer à quel point les différences entre les cultures allemande et britannique étaient plus profondes que je ne l’avais imaginé […], elles s’étendaient à l’humour et au tempérament, aux croyances individuelles et collectives […]. Si ma propre expérience me rendit peu à peu sceptique à l’égard de la viabilité d’un avenir post-national, il en fut de même des transformations politiques rapides dernières décennies : partout dans le monde, le nationalisme est de retour», écrit-il dans le Peuple contre la démocratie.«Il faut pouvoir s’emparer de la question migratoire, sans quoi ce sont les nationalistes qui s’en chargeront», assène-t-il. «Européiste» convaincu mais tapant sans pitié sur les institutions européennes, il pointe la nécessité de «domestiquer le nationalisme» et dégaine l’idée d’un «patriotisme inclusif», faisant place à une société libérale et multiethnique. En d’autres termes, un pays devrait pouvoir assurer le maintien de ceux qui se trouvent déjà sur son territoire et des immigrés hautement qualifiés, tout en tenant compte qu’une nation, communauté géographiquement limitée, ne peut durer que si elle conserve le contrôle de ses frontières.
[…] A tancer la tentation d’abandon du nationalisme par la gauche tendance «no border», à fustiger les convictions des technocrates qui «ont entraîné la mise au placard de la souveraineté populaire» ou à ressasser l’échec des sociaux-démocrates à gouverner, Yascha Mounk s’inscrit finalement dans les retournements idéologiques de son époque. […]