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L’homme qui est intervenu illégalement au côté d’Alexandre Benalla le 1er mai place de la Contrescarpe a publié en 2011 un recueil de poèmes. 

(…) «Quand j’ai entendu le nom de Vincent Crase à la télé, je l’ai recherché sur Internet. J’ai retrouvé des traces de son livre.» L’auteur du papier du Greffier noir, Alexis Kropotkine (un pseudo), est d’abord surpris de la couverture du livre, qu’il trouve en ligne et qui affiche un étrange symbole. Mais il en reste là. Avant de finalement publier un article, après avoir découvert des extraits de poèmes.

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Sans juger le recueil à sa couverture, celle-ci représente une rune d’Algiz. «Utilisée à la fois par les néopaïens et par l’extrême droite. Elle était aussi très utilisée par les SS», liste un spécialiste de l’imagerie nazie contacté par CheckNews. «Un simple symbole ésotérique qui relie l’homme à Dieu», assure pour sa part Vincent Crase.

Balle au centre. Vous nous avez interrogés sur le contenu du livre. CheckNews l’a lu en intégralité. Cent cinquante pages de poèmes. Une sorte d’itinéraire. On commence par les chapitres «Programmes», «Dérives urbaines», «Partir», «Souvenirs», «les Amours». Des textes champêtres, sentimentaux ou charnels, souvent à la première personne. Puis, c’est l’emballement. Les chapitres suivant s’appellent «Légendes», «Poésies païennes», «les Guerriers», «Apocalypse», «D’autres vies», «Vers la lumière», «Très vieille amie» (la mort). On rentre alors dans un autre univers.

« Il adore écrire, et il le fait très bien. Mais c’est vrai que c’est parfois un peu noir », glisse une personne proche des milieux littéraires qui a reçu le recueil des mains de Vincent Crase. C’était il y a quelques mois. Le réserviste cherchait alors à faire rééditer son œuvre.

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Puis, il y a ces dédicaces. Un poème pour Douglas Pearce, membre du groupe de rock industriel Death in June que l’ultra-gauche dépeint volontiers comme un nazi qui s’en cache. Ou au membre du groupe NON, Boyd Rice, tout aussi sulfureux.

Une autre récurrence interpelle. Dans «Barbare», on lit : «Je rêve de redevenir barbare/ O pouvoir aiguiser ma lame sur vos trottoirs.» Et dans un autre, «Vision II» : «Sur les pavés de vos villes mortes nous aiguisons l’acier de nos lames.» Ce qui n’est pas sans rappeler ces mots : «Nous aiguisons nos longs couteaux sur le bord des trottoirs.» Un vers attribué aux SA, bras armé du parti nazi allemand, et qui aurait valu son nom à la Nuit des longs couteaux (1934), pendant laquelle les partisans d’Hitler assassinèrent nombre de leurs opposants.

Quand CheckNews interroge Vincent Crase sur cette étrange référence à la Nuit des longs couteaux, il réplique : « Je ne sais absolument pas de quoi vous parlez. » « La rune de la couverture et le contenu sont très marqués », assure pour sa part un spécialiste de la mythologie nazie.

Crase, lui, nous assure n’être « pas du tout politisé ». Et avant de raccrocher, agacé par « ces journalistes qui ont gâché sa vie », il botte en touche : « Les auteurs écrivent ce qu’ils veulent. Tout est fictif. Je ne cherchais ici que la rime et l’esthétique. »

CheckNews (Libération)

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