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A la veille d’un Conseil européen qui s’annonce tendu à Salzbourg, le sociologue Albert Ogien adresse une mise en garde sur la nature commune des menaces en Europe : Orbán, Le Pen, Salvini ou Kaczynski ont tout du fascisme.

Le vote du Parlement européen en faveur du déclenchement de la procédure de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie a donné lieu à des commentaires confus. Alors que cette décision venait enfin condamner une longue série de violations de l’Etat de droit ayant eu lieu dans ce pays, les milieux de l’extrême droite européenne en ont profité pour dénoncer ce qu’ils ont présenté comme une sanction de son refus d’accueillir des migrants. Ce qui leur a permis de crier au déni de démocratie en clamant que les Hongrois avaient le droit – que cela plaise ou non – de choisir souverainement la politique d’immigration qu’ils désiraient voir mise en œuvre chez eux. […]

Devant les sourires de circonstance des divas de l’extrême droite qui n’aiment rien tant que poser devant les caméras au sortir de conciliabules savamment mis en scène (les Orbán, Le Pen, Salvini, Farage, Kaczynski et consorts), il serait peut-être temps de se poser une question oubliée : la banalisation de l’attitude fasciste ne conduit-elle pas à rendre acceptable l’instauration d’une société totalitaire ? La gêne que certains éprouvent à répondre à cette question en observant les agissements de ces ennemis de la démocratie tient, en grande partie, à leur refus d’identifier les germes du fascisme dans l’offensive concertée qu’ils mènent. C’est de cette gêne qu’il faut se libérer. […]

Tous les aspects de l’attitude fasciste se déploient aujourd’hui au grand jour, avec plus ou moins de force. C’est pourquoi il est un peu étonnant de constater que, devant le projet de réarmement moral de l’Occident chrétien que l’extrême droite défend, on hésite encore à le donner pour ce qu’il est. Il n’est pas impossible de penser que, présenté sous ce jour, ce camp attirera moins de suffrages que si on le laisse vampiriser le débat politique européen en agitant la menace migratoire. Est-il donc si compliqué de rappeler que le fascisme n’est pas une opinion mais un danger – non pas pour la survie de l’Union européenne, mais pour les libertés publiques et la paix civile ?

Libération

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