Un rapport pour lutter contre la cyberhaine a été remis jeudi à Edouard Philippe. Ces 20 propositions sont le fruit du travail confié en mars par le Premier ministre à l’enseignant franco-algérien Karim Amellal, à la députée Laetitia Avia (LREM) et au vice-président du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) Gil Taïeb, dans le cadre du plan de l’exécutif contre le racisme et l’antisémitisme. Pour le JDD, l’élue parisienne et porte-parole d’En Marche revient sur les principales préconisations du rapport.
Le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, a dit à propos de votre rapport : c’est “plus de transparence, des sanctions plus élevées et plus de condamnations”. Un bon résumé?
Oui. Il faut mettre fin au sentiment d’impunité qu’on a aujourd’hui sur Internet. Le point de départ de la réflexion a été d’en finir avec ce mythe selon lequel Internet, et en particulier les réseaux sociaux, n’est pas la vraie vie. En réalité, on y passe plus de temps qu’en interaction dite “réelle”. L’objectif est d’y rétablir l’état de droit et du civisme sur Internet.
Les “accélérateurs” devront retirer un contenu illicite sous 24 heures…
Nous préconisons une obligation de retrait [d’un contenu raciste] sous 24 heures. Deux possibilités : soit ils suppriment car c’est manifestement illicite ; soit il y a un doute et ils mettent ce contenu dit “gris” sous quarantaine – la publication disparaît et arrête de nuire – dans ce délai de 24 heures. Il revient ensuite à une autorité administrative dédiée d’arbitrer le caractère raciste ou non de ce contenu. Elle devra juger rapidement, en quelques jours. Car si jamais cette publication n’est pas illicite, il ne faut pas non plus qu’elle devienne obsolète. […]
Le Crif Comment avez-vous travaillé sur le sujet délicat de l’antisionisme et de la haine d’Israël sur Internet ?
Gil Taieb En tant que vice-Président du Crif, mon rôle a bien-sûr été de prendre en compte l’antisionisme comme une nouvelle forme de l’antisémitisme. Ce sont d’ailleurs les propos du Premier Ministre et du Président de la République. Cependant, il y a une certaine réticence quand on en vient à parler de ce sujet. Je vous avoue que le travail est délicat. C’est un véritable combat et il reste encore beaucoup à faire.
Dès l’introduction du rapport, j’ai demandé que figure clairement le besoin de redéfinir le racisme et l’antisémitisme. Cette redéfiniton doit évidemment prendre en compte la haine d’Israël. Dans cette introduction, je propose notamment que la définition de l’antisémitisme reprenne la résolution adoptée le 1er juin 2017 par le Parlement européen, basée sur la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, une définition qui inclue la haine d’Israël.