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Editorial du Monde sur la perte du pavillon panaméen du bateau l’Aquarius, affrété par des ONG pour recueillir des migrants.

Le face-à-face qui l’a opposé aux gardes-côtes libyens marque peut-être la fin de la mission du navire, mauvaise conscience d’une UE incapable de trouver une stratégie collective pour faire face au drame humanitaire en Méditerranée. […]

Depuis son premier voyage, en février 2016, l’Aquarius a recueilli à son bord 29 523 personnes, rappelant sans cesse que chaque vie mérite d’être sauvée. L’Aquarius est aussi le précieux témoin du vécu des migrants. A son bord, les femmes africaines ont raconté les viols commis en Libye, les hommes ont montré les cicatrices des coups reçus dans les geôles.

Mais ce discours-là, ce devoir-là, cet honneur-là ne sont plus d’actualité. Le vent a tourné. Sous la pression d’opinions publiques chauffées à blanc par les discours xénophobes, l’Europe a chargé la Libye de jouer à nouveau le rôle de barrage aux migrants qu’elle assumait sans sourciller avant de basculer dans la guerre civile en 2011. […]

Ce long dimanche de septembre s’est terminé avec la dégradation suprême pour un capitaine : perdre son pavillon. Il y avait déjà eu un Aquarius 1 lâché par Malte. Désormais c’est Panama qui refuse l’immatriculation de l’Aquarius 2. En lui retirant pour la deuxième fois son pavillon, on retire donc aux citoyens européens le droit de s’ériger contre une politique qui fait passer les intérêts nationaux ou continentaux avant la vie humaine.

Le Monde

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