Dans « La Religion de la laïcité », l’historienne américaine Joan Scott poursuit sa réflexion critique à l’égard du « républicanisme français ».
[…] Dans ses travaux, Joan Scott se montre très critique à l’égard du « républicanisme français », à qui elle reproche d’insister de manière « dogmatique » sur l’universalité de l’individu. Cet universalisme « rigide et strict » refuse, selon elle, de soulever la question de la différence –qu’il s’agisse du sexe, de l’ethnicité ou de la religion – et finit par masquer un « racisme rampant » envers les personnes d’origine africaine et nord-africaine.Pourquoi l’identité française est-elle liée à des règles de galanterie d’un autre âge, masquant des inégalités de pouvoir ? Pourquoi la patrie de Voltaire est-elle aujourd’hui obsédée par le voile musulman ? ( Libération )
Dans La Religion de la laïcité, Joan Scott poursuit cette réflexion en remettant en question la « fable » qui associe naturellement, en France, la laïcité à l’égalité hommes-femmes. Explorant l’histoire des XIXeet XXe siècles, elle affirme au contraire que l’inégalité de genre a « été fondamentale pour la formulation de la séparation des Eglises et de l’Etat qui inaugure la modernité occidentale ».
Et que, aujourd’hui, le discours laïc véhicule les « prétentions de supériorité raciale et religieuse des Blancs ».