Tribune de Mohammed Chirani, essayiste, sur la réforme de l’islam en France. Il est notamment l’auteur “Islam de France, la République en échec” et a été délégué du préfet pour les quartiers sensibles de la Seine-Saint-Denis de 2009 à 2013
Les attentats terroristes de 2015 et 2016 ont poussé une nouvelle génération de citoyens français de confession musulmane à s’engager dans la lutte contre la radicalisation. Révolté d’être pris en otage, ainsi que ma religion, par une idéologie radicale, je fais partie de ceux qui ont choisi d’œuvrer pour la réforme de l’organisation de l’islam de France afin de contribuer à un meilleur vivre-ensemble. […]
N’oublions pas que le terrorisme, en favorisant la montée de l’islamophobie et la polarisation de la société, a failli faire vaciller la République dans ses fondements démocratiques et ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité (débats sur la déchéance de la nationalité, État d’urgence et scores élevés de l’extrême droite aux élections). Dans ce moment décisif, nous devons nous positionner clairement face à cette question simple : « L’État doit-il intervenir dans l’organisation du culte musulman ou doit-il rester neutre, au nom de la laïcité ? » […]
Sous peine de voir le pays sombrer dans une crise majeure, le président de la République Emmanuel Macron devra esquisser les contours d’une réforme révolutionnaire afin de faire émerger un islam de France capable d’endiguer l’idéologie radicale wahhabite. […]
Cette réforme de la dernière chance doit être conduite à son terme car il en va de l’avenir de la France, de la République et du vivre ensemble. Seule une alliance intelligente entre les jeunes musulmans réformistes, l’État et la société civile sera apte à faire triompher un islam des Lumières qui garantira l’acculturation de cette jeune religion et posera les bases d’une coexistence pacifique pour les décennies à venir.