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L’universitaire et ancien journaliste à «Libération» Stephen Smith rejette les critiques qui l’accusent de participer à la «lepénisation des esprits.» Et appelle à un débat sans manichéisme sur l’immigration.

Tribune. Peut-on prévoir l’arrivée d’un très grand nombre de migrants africains à l’horizon de 2050 – une «ruée vers l’Europe» – sans que l’extrême droite ne récupère l’effet d’annonce ? Clairement non. On peut seulement espérer que l’acceptation du débat par le reste de la société isole le camp du refus catégorique de l’Autre. Mais ce cordon sanitaire est rompu, et l’on se retrouve mis au ban pour complicité, quand on se voit reprocher, comme vient de le faire Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Iris, de «faire le lit» des adeptes de la théorie du «grand remplacement». A ma surprise, le goudron et les plumes sont aussi de retour au Collège de France où François Héran m’accuse d’avoir fourni aux «responsables politiques» un argumentaire pour «agiter le spectre du péril noir». Je le mets au défi de trouver dans mon livre, ou dans les propos que j’ai tenus depuis sa publication, une citation à l’appui de cette imputation.

Voilà, entre autres, ce dont il est question dans mon livre. Il a bénéficié du fait que la France, s’étant convaincue qu’elle n’était pas «un pays raciste», s’autorisait à regarder l’immigration en face, dans ses contradictions. On sortait du choix manichéen entre le Bien et le Mal pour débattre d’une politique à choisir. Ou, pour le dire avec les mots de Philippe Muray, on cessait enfin de s’inventer des «ploucs émissaires» – chacun le sien – qui étaient soit de belles âmes ayant perdu le sens des réalités, soit des pauvres d’esprit qui ne comprenaient pas tout le bien que leur faisait l’immigration. Or, cette avancée est menacée à l’approche des élections européennes, qui repolarisent l’opinion publique à outrance. Comme si cela pouvait avoir un sens d’être «pour» ou «contre» l’immigration, en bloc et partout, toutes choses inégales par ailleurs, au Royaume-Uni du Brexit avec 14% de migrants internationaux, de la même façon que dans la Hongrie ex-communiste avec 5%. (…)

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