Ecrit et mis en scène par Ahmed Madani, F(l)ammes sillonne la France depuis sa création, à l’automne 2016. Le temps qui passe ne l’use pas. Ce spectacle documentaire, qui transforme en enjeu politique des récits de vie intime, a le tranchant d’un coup de rasoir porté dans l’opacité des clichés.
Avec lui surgissent sur le plateau des corps et des voix qui, d’ordinaire, n’y ont qu’à peine droit de cité. Anissa A., Anissa K., Chirine, Dana, Haby, Inès, Lauren, Ludivine, Maurine, Yasmina sont toutes nées de parents immigrés, qui vivent dans des quartiers de banlieues défavorisées. Elles ont grandi au Val-Fourré, à Montreuil ou à Garges-lès-Gonesse. Elles ne sont pas actrices professionnelles, mais leur puissance de feu n’est en rien tributaire d’un savoir-faire ou d’une technique. Elle tient à l’intensité de leur présence, et, de ce côté-là, tout va bien.
[…] A la demande d’Ahmed Madani, qui a su faire théâtre de leurs témoignages, elles se livrent en public. Se postent l’une après l’autre face au micro dressé et disent haut et fort d’où elles viennent, qui elles sont et les pas qui leur restent à franchir pour basculer de ce passé dont elles héritent vers cet avenir qu’elles tentent de se bâtir.Le passé, c’est leur père et leur mère. Ils hantent leurs paroles. Algérie, Côte d’Ivoire, Guinée, Haïti ou Guadeloupe, les racines s’éparpillent. Ecartelées entre fidélité et rejet, les dix jeunes femmes expliquent le carcan des croyances, racontent… […]