Pour répondre à cette question, le Nouvel Obs publie un extrait du livre « Communautarisme ?” » sous la direction de Marwan Mohammed, sociologue au CNRS, et Julien Talpin, chercheur en science politique au CERAPS.
Mettre un point d’interrogation après «communautarisme», c’est déjà une bonne chose. Parce que le mot est utilisé avec une telle évidence que ça en est devenu suspect. D’autant que les «communautaristes», ce sont toujours les mêmes: d’abord les musulmans, puis les homosexuels-les, puis les noirs etc. Est-ce si simple, se demandent les auteurs? Les vrais «communautaristes» sont-ils vraiment ceux qu’on croit ? Comment le terme en est-il venu à être utilisé pour disqualifier certaines catégories de la population, alors même que le phénomène qu’il décrit pourrait tout à fait être appliqué à d’autres catégories?
Ce petit livre tente de répondre à ces questions en une succession de courts chapitres qui décrivent l’histoire du mot, la manière très différente dont il est utilisé dans le monde anglo-saxon (où ce lien est très valorisé) et en France (où il apparaît comme un danger pour la cohésion sociale et l’universalisme républicain), et comment, sans être jamais défini, il est devenu un outil contre l’islam (mais pas seulement).
L’avantage du livre est de ne pas s’arrêter au langage et de plonger dans les statistiques. Parce qu’on peut évaluer le communautarisme: comment sont composés socialement et ethniquement les quartiers, avec qui les gens des différents groupes sont-ils mariés, sont-ils amis, interagissent-ils? Et quand on examine les questions sous cet angle, on se met à réfléchir différemment. […]
Il y aurait donc des communautarismes qui sont plus «acceptables», moins «dangereux» que les autres? D’accord. Mais, dans ce cas, qu’on le dise, sans se réfugier derrière une pseudo-évidence que ce mal – le manque d’ouverture, le fait de ne pas vouloir fréquenter l’altérité, le regroupement autour d’intérêts communs, le partage d’une religion – toucherait certains plus que d’autres.