Jörg Haider, mort le 11 octobre 2008 dans un accident de voiture, continue d’être célébré par le FPÖ, parti d’extrême droite qu’il a profondément transformé, mais son influence s’étend aujourd’hui au-delà de ce parti, au delà de l’Autriche aussi.
[…] Haider a incarné pendant plus de vingt ans l’extrême droite autrichienne et reste aujourd’hui encore l’un de ses visages les plus connus. «Cela tient au fait qu’il a été le premier à alerter sur l’islam politique et sur la crise migratoire qui a ensuite surpris l’Europe entière. Jörg Haider était un précurseur.»Ce combat contre l’immigration, Haider va le porter durant plusieurs décennies grâce à un parti: le FPÖ, qu’il dirige de 1986 à 2000. «Il a très vite réorganisé la structure du parti autour de son leadership. Mais il a aussi changé l’idéologie du FPÖ et en a fait un parti anti-immigration, explique Birgit Sauer, politologue à l’Université de Vienne. Il a senti que l’immigration était un nouveau clivage autour duquel il pouvait rassembler et depuis Haider, le FPÖ mobilise ses électeurs sur ce thème: nous les Autrichiens contre les autres, les migrants.»
Et les succès électoraux s’enchaînent pour le tribun autrichien, marié et père de deux filles: en 1989, il arrache la Carinthie aux sociaux-démocrates et devient gouverneur de ce Land méridional, qui sera son fief. Mais c’est en 1999 que le nom de Haider résonne dans toute l’Europe: le FPÖ arrive deuxième aux élections législatives avec 26,9% des voix, ce qui conduit le parti – mais pas Haider, jugé trop sulfureux – au gouvernement de 2000 à 2006.
Car Jörg Haider, c’est aussi une manière de faire de la politique, un pionnier du populisme pour certains. Fils d’un cordonnier qui fut un nazi de la première heure, Haider était brillant orateur, bel homme, sportif et dynamique. Une personnalité à part et un style moderne «qui continuent d’inspirer jusqu’à Sebastian Kurz», l’actuel chancelier conservateur (ÖVP), selon Birgit Sauer. «Sebastian Kurz a réinventé le parti conservateur comme un mouvement, ce que Haider a fait avec le FPÖ. Même dans le style, Kurz tente d’imiter Haider. De manière générale, depuis Haider, la culture politique a changé en Autriche.»
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