Mineures, sous emprises, et le plus souvent droguées. Agées de 13 à 17 ans, les jeunes filles étaient forcées de se prostituer dans des hôtels de la région parisienne. Dix prévenus âgés eux d’une vingtaine d’années comparaissaient mercredi pour proxénétisme devant le tribunal correctionnel de Créteil. En juin, la procureure générale de la cour d’appel de Paris s’était alertée de l’augmentation du «proxénétisme des cités» et de la prostitution de mineures. Environ 70 enquêtes étaient alors en cours en région parisienne, avait indiqué le parquet général.
De mercredi à vendredi, un réseau de prostitution de mineurs va être jugé au tribunal correctionnel de Créteil. D’avril 2016 à décembre 2017, dix jeunes hommes et femmes, la plupart avait la vingtaine, une jeune fille était âgée de 16 ans et sera jugée ultérieurement devant le tribunal pour enfants, ont prostitué huit adolescentes âgées de 13 à 17 ans dans des hôtels de la région parisienne. Les filles, victimes comme proxénètes, entretenaient généralement des relations «amoureuses» avec les garçons.
Dans le réseau, les filles étaient en partie chargées du recrutement, notamment de leurs copines. Elles prenaient les photos pour les sites d’annonce, s’occupaient des contacts avec les clients. Souvent, elles se prostituaient aussi pour le compte de leurs copains, «par amour», expliquera l’une d’entre elles. Les garçons se chargeaient plutôt de louer les chambres d’hôtels, d’y amener les filles, et de fournir préservatifs, maquillage, nourriture, cigarettes et stupéfiants. Ils se cachaient souvent dans les toilettes ou la salle de bains pendant les passes, pour assurer «la sécurité».
La prostitution des mineurs procède «d’une avidité pour l’argent et d’une banalisation à l’extrême de l’acte sexuel», avait-elle analysé, décrivant les mécanismes que l’on retrouve dans l’affaire jugée entre mercredi et vendredi, de «situation d’ambiguïté amoureuse laissant aux jeunes filles l’illusion de croire qu’elles ne sont pas prostituées et aux garçons qu’ils ne sont pas leurs proxénètes».