David Caviglioli, journaliste au Nouvel Obs, a lu le dernier livre du romancier algérien Boualem Sansal , “le Train d’Erlingen” et l’a trouvé «incroyablement anti-islamiste ».
Normalement on prend le soin de séparer un homme et son œuvre, comme on le fait avec Céline, quand l’œuvre est géniale et l’homme mauvais. En ce qui concerne Boualem Sansal, c’est l’inverse. On admire l’homme, qui a la droiture d’un saint. Quand on lui parle, ce qui nous est arrivé, on croirait parler à Nelson Mandela. Il dit des choses simples et vraies, d’une voix brisée que rien n’ose interrompre. Depuis vingt ans, il combat l’islamisme qui a détruit l’Algérie, tué ses amis, l’a séparé de sa famille. Il mène ce combat avec obstination. Malheureusement, il le fait en écrivant, de plus en plus obstinément, des romans insipides.
Chez Sansal, l’anti-islamisme envahit tout, et égorge tout ce qui n’est pas anti-islamiste.
[…] Politiquement « le Train d’Erlingen » est au bord du déraillement. Raconter l’islamisation de l’Algérie, c’est salutaire, parce que ça s’est produit. Dire, par extension, que l’Europe vit sous le joug de sa minorité musulmane, c’est autre chose. Sansal prend le risque de devenir le romancier de la paranoïa anti-immigrés. Il le sait. Il s’en moque. Il dit ce qu’il a à dire. Ça nous va. On aimerait qu’il le dise mieux. Si la seule résistance à l’islamisme, c’est de lire des romans soporifiques sur l’islamisme, à quoi bon résister.