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Vous êtes régulièrement ramené à la pétition que vous avez initiée contre Nathalie Heinich et à l’appel au boycott lancé contre Marcel Gauchet. Avec du recul, vous n’avez aucun remords ? Ni sur le fond ni sur la forme ?
Non. Bien au contraire. J’aurais aimé être plus violent. La quantité de tolérance qu’il faut pour fréquenter de tels auteurs, pour supporter tout simplement de les côtoyer, de leur dire bonjour, de les citer, d’être assis à côté d’eux, de les faire exister, me paraît incroyable. Vous savez, à bien des égards, nous vivons aujourd’hui une époque inquiétante, peut-être préfasciste, et il est fou de remarquer que l’espace culturel et médiatique ne fait pas obstacle à ces pulsions mais s’en fait le relais complaisant. Que soit présenté comme une ouverture le fait de diffuser des propos et des auteurs aussi violents est accablant. Rendre infréquentables un certain nombre d’auteurs et de thèmes me paraît à l’inverse la définition même d’une démarche progressiste.
(…) Nouveau Magazine Littéraire