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Après vingt ans de rebondissements, le parquet de Paris demande l’abandon des poursuites contre des proches du président rwandais Paul Kagame, soupçonnés par la justice française d’être impliqués dans l’attentat de 1994 qui a déclenché le génocide des tutsi. Le parquet réclame un non-lieu contre les sept protagonistes mis en examen, tous issus du clan de Paul Kagame, estimant que l’enquête n’a pu réunir de “charges suffisantes” à leur encontre, selon son réquisitoire définitif daté du 10 octobre dont a eu connaissance l’AFP

“Le doute doit profiter à ces derniers”, ajoute le parquet. La décision finale sur la tenue ou non d’un procès est désormais entre les mains des juges d’instruction du pôle antiterroriste.

Depuis plus de 20 ans, ce dossier empoisonne les relations entre Paris et Kigali sur fond de débat sur les responsabilités françaises à l’époque du génocide.

“La position du ministère public est inacceptable. Depuis dix ans, le parquet a lâché les juges d’instruction pour des raisons notamment politiques. La preuve en est que ce réquisitoire arrive précisément au moment de la nomination d’une Rwandaise (Louise Mushikiwabo) à la tête de l’organisation de la francophonie”, a réagi Philippe Meilhac, avocat de la veuve de l’ex-président, Agathe Habyarimana, joint par l’AFP.

“Cette étape tend à clore 20 années d’errements (…). Nos pensées vont en ce moment à ceux qui ont toujours affirmé leur innocence”, ont déclaré à l’AFP les avocats des sept mis en examen, Bernard Maingain et Léon-Lef Forster.
Le 6 avril 1994, l’avion de Juvénal Habyarimana, un Hutu, avait été abattu en phase d’atterrissage à Kigali par au moins un missile. Cet attentat est considéré comme le déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, principalement dans la minorité tutsi. (…)

La Libre Belgique

Extrait de l’entretien accordé par Emmanuel Macron à RFI/France 24, à l’issue du sommet de la Francophonie en Arménie 

RFI/France 24 : Monsieur le président, la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, vient d’être désignée comme secrétaire générale de la Francophonie. La sortante, Michaëlle Jean, est partie avec fracas. Elle a affirmé : « Une organisation qui ruse avec les valeurs et les principes est déjà une organisation moribonde ». Elle vise évidemment en parlant de « valeurs et de principe », la démocratie et des droits de l’homme parce que le Rwanda n’est en effet pas considéré comme un modèle dans ce domaine-là. Votre réaction ?

Emmanuel Macron : (…) L’épicentre actuel de la Francophonie, c’est l’Afrique. Donc j’ai dit que s’il y avait une candidature africaine qui faisait consensus, la France la soutiendrait. Il se trouve que le Rwanda qui préside cette année l’Union africaine a présenté la candidature de sa ministre des Affaires étrangères. Elle a su construire ce consensus. Elle a acquis le soutien qui a été réaffirmé dans notre huis clos ce matin de tous les Etats de l’Union africaine. Il était donc normal que l’engagement soit tenu. Et dans ce contexte-là, je pense que c’est beaucoup plus une Francophonie de conquête qu’on a vue durant ce sommet, et qu’on va continuer à voir.

Quand on a un pays comme le Rwanda qui avait pu se détourner du français, revenir, prendre ses responsabilités avec une ministre évidemment francophone, dans un pays dont je rappelle que plus de la moitié de la population parle français, c’est évidemment un projecteur sur notre langue, sur ses valeurs et ce que ça permettra de faire. Qui plus est, porté par une femme qui a porté haut les couleurs de la parité et du combat femme-homme et de son égalité dans son pays avec succès. Là aussi, ils ont des leçons à donner à d’autres. Chacun va apprendre l’un de l’autre. Il n’y a pas en quelque sorte des gens qu’on devrait pointer du doigt. Quand je vois durant ce sommet le président du Ghana s’exprimant en français, et indiquant à la tribune qu’il va rendre obligatoire dans les écoles le français, c’est la Francophonie de conquête. Donc tout cela avance. Il faut sortir de toute aigreur ou de tout fracas parce qu’il n’y en a pas eu. Il y a eu un vrai consensus dans la famille francophone. Et moi, je me réjouis de cette nomination parce qu’elle correspond au visage de la Francophonie d’aujourd’hui.

Simplement monsieur le président, le Rwanda n’est pas un modèle de démocratie et de droits de l’homme. Il y a des prisonniers politiques, il y a des disparus politiques. Alors en mettant le Rwanda, – une grande personnalité rwandaise -, à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie, est-ce qu’on ne met pas celle-ci en complète contradiction avec la charte de l’OIF qui promeut les valeurs justement de démocratie, de liberté et de droits de l’homme ?

Je fais le pari que ce sera le contraire. Je pense d’abord que la famille francophone doit garder une homogénéité. On l’a aujourd’hui, je ne fais pas partie de celles et ceux qui pensent qu’il faut s’étendre à l’infini ou faire semblant, ou faire des mauvais compromis sur les sujets des droits de l’homme. Par contre, je suis convaincu que par une exigence de tous, par une pression des pairs, ce qu’on a fait sur plusieurs cas très concrets ces derniers mois, on peut obtenir des résultats. Et je crois que le visage que le Rwanda est en train de montrer, c’est celui aussi d’un changement et d’une transformation.

Je l’évoquais sur des sujets comme celui de la parité, de l’égalité femme-homme. Le Rwanda a fait mouvement. Il est bien plus en avance que beaucoup d’autres. Il est en train de faire une vraie transition politique, en tout cas je l’espère. Et je pense que cette nomination oblige, en quelque sorte. Et la démarche qui a toujours été la mienne, c’est justement, bien plus, de travailler avec l’ensemble des Etats, essayer de promouvoir ses valeurs, et non pas en donnant des leçons de l’extérieur, ça c’est très facile, je peux le faire depuis Paris. Mais en arrivant, en montrant, en convainquant que donner une responsabilité et faire confiance, oblige, et oblige à changer soi-même. (…)

RFI/France 24

 

 

 

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