Sous couvert de lutte contre l’extrémisme, les camps de rééducation de la province du Xinjiang sont destinés aux Ouïghours, une minorité musulmane présentée comme «malade».
Question posée par Clyde le 10/09/2018
Bonjour,
Un million d’Ouïghours seraient actuellement détenus dans la région du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Les membres de cette minorité musulmane sont internés dans des camps, auxquels Pékin essaye de donner une base légale après avoir longtemps nié leur existence.
Voilà plusieurs mois que les autorités chinoises traquent les «signes extrémistes» des ouïghours à grand renfort de lois iniques et de surveillance généralisée. «L’Etat alimente l’islamophobie en appelant les traditions musulmanes ordinaires comme des manifestations d’un “extrémisme” religieux», constate le chercheur américain Ryan Thum en mai 2018 dans le New York Times. Cette politique qui se présente comme une lutte contre le séparatisme et le terrorisme a pour principal artisan Chen Quanguo, secrétaire régional du parti communiste dans le Xinjiang depuis octobre 2016 (il exerçait auparavant les mêmes fonctions au Tibet).
«Maladie physique»
Pour répondre à votre question : cette stigmatisation des musulmans ouïghours repose en partie sur le parallèle entre islam et maladie. En avril 2018, l’AFP fait état d’«équipes de travail» envoyées par le parti communiste dans le Xinjiang et composées de civils censés «s’intéresser à l’état des gens [research the people’s conditions], améliorer leur vie, et gagner leurs cœurs». Ces groupes de promotion de l’«harmonie ethnique» le reconnaissent : il s’agit aussi d’«éradiquer les tumeurs».
Les autorités chinoises ont également déclaré que les ouïghours internés dans ces «centres de rééducation» sont «infectés par une maladie idéologique», qu’il faut traiter «comme une maladie physique». Des termes récurrents dans un enregistrement attribué au Parti communiste chinois par Radio Free Asia (un média financé par le Congrès américain) pendant l’été. […]