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15/10

Pour le ministre de l’économie Giovanni Tria, ceux du budget 2019 qu’il parachève avant de l’envoyer à Bruxelles sont un véritable enfer. La hausse du déficit à 2,4 % de PIB l’an prochain n’est pas suffisante pour financer toutes les promesses électorales de la Ligue et du M5S. « Un ministre sérieux doit trouver de l’argent », avait commenté Luigi Di Maio suite aux réticences de son collègue à violer les engagements pris par son prédécesseur avec l’Union européenne.

Lundi soir, le président du Conseil italien Giuseppe Conte a annoncé que son gouvernement avait approuvé la dernière version du budget pour 2019, à l’issue d’une une énième réunion ministérielle . Celle-ci a été désertée par Luigi Di Maio, alimentant les rumeurs de tensions avec son allié Matteo Salvini. Les deux hommes s’opposent sur le projet d’amnistie fiscale en cas d’impayés ou de litiges. Le seuil initialement voulu par la Ligue a été abaissé de 1 million à 200.000 euros. C’est encore trop pour le M5S qui juge qu’il favorisera surtout les contribuables les plus aisés, le mettant en outre en totale contradiction avec son mot d’ordre : « Honnêteté ». (…)

Ce qui sépare les deux membres de la coalition gouvernementale n’est pas qu’une question de moralité mais de chiffres. Ceux des ressources qu’il faut trouver pour financer l’intégralité de leur programme électoral. Giovanni Tria a d’ores et déjà annoncé qu’il creuserait le déficit de 22 milliards d’euros en 2019 – avec une progression des dépenses et une réduction des impôts chiffrées à 37 milliards d’euros. Elles seront partiellement compensées par des baisses des dépenses estimées à 15 milliards d’euros. Parmi elles, des réductions des pensions de retraite supérieures à 4.500 euros ainsi qu’1 milliard d’euros de coupes sèches dans les ministères, en particulier celui de la Défense qui verrait son budget rogné de 400 millions d’euros. Mais on reste loin du compte.

Il faudra bien plus de ressources pour financer la mise en place du revenu de citoyenneté estimée à une dizaine de milliards d’euros, la refonte de la loi des retraites qui coûtera 8 milliards d’euros pour permettre à 400.000 salariés de faire valoir plus tôt leurs droits à cesser le travail avec une pension minimum fixée à 780 euros, et 1 milliard d’euros nécessaire à l’introduction d’une « flat tax » pour les travailleurs indépendants.

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Seuls les marchés pourront obliger le gouvernement de Giuseppe Conte à revoir sa copie. Le spread, c’est-à-dire l’écart entre les taux italiens et les taux allemand, « ne doit pas effrayer, a-t-il déclaré. Nous démontrerons que nous avons l’argent nécessaire et que le budget, qui ne sera pas modifié, fera le bien de l’Italie ». S’il ne devait pas convaincre et que la barre des 400 points d’écart avec les taux allemands était atteinte, il ne pourrait faire l’économie de profonds changements.

Les Échos


15/10

ZONE EURO Le gouvernement italien envoie ce lundi son projet de budget à la Commission européenne…

  • Le gouvernement italien prévoit d’augmenter le déficit en 2019 pour financer ses promesses électorales.
  • La Commission européenne juge que ce budget fera augmenter la dette et qu’il ne respectera pas les critères de Maastricht.
  • Les tensions sur les marchés financiers pourraient conduire la BCE à intervenir.

Coup de chaud sur Rome. Le gouvernement italien envoie ce lundi son projet de budget à la Commission européenne, qui se montre très dubitative sur la trajectoire choisie par la coalition populiste​. Cette dernière vise un déficit de 2,4 % en 2019 (qui se réduirait à 2,1 % en 2020) afin de financer trois promesses électorales : la création d’un « revenu de citoyenneté » pour les plus démunis, un système de retraites plus généreux, et des baisses d’impôts.

Pour le commissaire européen Pierre Moscovici, l’Italie est sur une pente glissante. « Un budget qui augmente la dette [celle de l’Italie est à 130 % du PIB], c’est un budget qui n’est pas bon pour le peuple », a-t-il expliqué jeudi à l’AFP. Christine Lagarde, la patronne du FMI, est sur la même ligne : « quand on appartient à un club, et qu’on décide d’y rester, il faut respecter les règles du club ».

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Malgré ce risque, l’Italie n’a pas à craindre de sanctions de la part de l’UE… pour l’instant. « Il n’y aura aucune sanction sur le budget en lui-même, décrypte un fonctionnaire européen. La procédure d’examen du budget est commune à tous les Etats membres. Elle s’apparente à un dialogue entre le pays et la Commission. Jusqu’à présent, elle s’est contentée d’émettre des avertissements sur certains budgets ». Dans le cas de l’Italie, la Commission pourrait aller plus loin et lui demander d’envoyer un nouveau projet de budget, sans pour autant pouvoir sévir en cas de refus.

La sanction plus immédiate pourrait venir des marchés financiers. Depuis la fin septembre, l’écart entre les taux d’emprunts italiens et allemands (le spread) a brutalement augmenté. Autrement dit, l’Italie s’endette à un coût de plus en plus élevé par rapport au pays de « référence » de la zone euro.

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20 Minutes

Merci au Prince de Syldavie

 

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