Article de Leila Ngazou, directrice de la Rencontre annuelle des musulmans du Sud 2018, dont la 16e édition aura lieu à Marseille et aura pour thème la fraternité.
Le principe de fraternité, depuis longtemps les musulmans en ont fait leur crédo de vie, il n’est pourtant ni audible ni visible par tous.
La peur semble s’installer peu à peu en France. C’est le soupçon qui guide nos vies. Le repli sur soi et les égoïsmes de tous bords gagnent du terrain. Le jeu de la surenchère des idéologies extrémistes, qu’elles soient nationalistes ou religieuses par réseaux sociaux interposés, se combinent avec la hantise du « grand remplacement » que des « peuples » imposeraient par la loi de l’islam.
Parallèlement, les lois successives édictées en France rangent l’hospitalité au rang de bon sentiment. Serait-il irréaliste de la mettre en pratique ? La fraternité serait-elle devenue dangereuse ?
Pourtant, la fraternité, cette valeur à la fois citoyenne et spirituelle, a encore toute sa place. Non seulement dans la devise républicaine, mais aussi dans l’espace qui est le nôtre : notre pays, la France. Pour les citoyens musulmans attachés à ce pays, il est urgent de se réveiller et de réenchanter la fraternité. […]
Cette année, l’accent est mis sur ce qui nous unit, car notre pays traverse une crise grave, sociale et politique. Grave, parce qu’elle touche à l’unité et à la cohésion du pays. Les idéologies extrémistes et racistes trouvent écho de plus en plus auprès de personnes déçues par les gouvernements successifs. Les revendications identitaires jettent le trouble dans les esprits, c’est le temps du soupçon et de la peur. […]
