ROME (Reuters) – Le gouvernement italien a surmonté ses divisions à propos d’un projet d’amnistie fiscale qui a brutalement fait monter la tension ces derniers jours entre les deux partis de la coalition au pouvoir, la Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio, a annoncé samedi le président du Conseil.
Giuseppe Conte a déclaré à l’issue d’une réunion gouvernementale que le différend avait été réglé entre les deux hommes et que le cabinet était parvenu à un accord total sur les mesures fiscales prévues dans le projet de loi de finances 2019.
L’amnistie fiscale, qui permet à des contribuables d’éviter des poursuites pour évasion fiscale en s’acquittant d’une simple somme forfaitaire, est l’une des mesures prises par la coalition pour financer de coûteuses promesses électorales qui devraient porter l’an prochain le déficit budgétaire italien à 2,4% du produit intérieur brut.
Mais les deux formations étaient en désaccord sur son étendue, Luigi Di Maio accusant la Ligue de l’avoir trompé en élargissant sans lui dire le bénéfice de cette mesure aux auteurs d’infractions financières comme le blanchiment d’argent.
Matteo Salvini a nié vendredi toute manipulation mais s’est dit prêt à modifier les parties contestées du texte.
Avant de s’envoler samedi pour la capitale, il a assuré qu’il ne remettrait pas “en cause le gouvernement pour un petit texte législatif sur lequel le 5-Etoiles a changé d’avis”.
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La Commission européenne estime que ce projet enfreint gravement ses règles budgétaires et demande à l’Italie des explications d’ici lundi tout en souhaitant ne pas accroître les tensions avec Rome.
Giuseppe Conte a répondu samedi sur un même ton d’apaisement que son gouvernement “se sentait bien en Europe” et Matteo Salvini, qui cumule les postes de vice-président du Conseil – comme Luigi Di Maio – et de ministre de l’Intérieur, a répété qu’il n’existait au sein du gouvernement aucun projet de quitter l’Union européenne ni d’abandonner la monnaie unique.
Vendredi soir, l’agence de notation Moody’s Investor Service a abaissé la note souveraine de l’Italie pour la ramener un échelon seulement au-dessus de la catégorie spéculative (“junk”) en raison de la dégradation des perspectives de déficit et de l’arrêt des réformes structurelles.