REPORTAGE – Pour les élections de dimanche dans cette région au statut spécial, le chef de la Ligue a mis de côté son discours souverainiste.
Plaisante localité touristique de 6.000 habitants, Borgo Valsugana voue un culte à l’enfant du pays, le père de la démocratie italienne, Alcide De Gasperi, député à Vienne en 1911 (quand le Trentin était autrichien), à Rome en 1921 (après son rattachement à l’Italie au lendemain de la Grande Guerre), et premier président du Conseil de la République italienne en 1945. Dans l’auditorium Alcide-De-Gasperi, au centre du lycée technique du même nom, sur la place éponyme, Matteo Salvini tient son meeting de campagne pour les élections régionales de dimanche, le premier des quinze qu’il a tenus le week-end dernier dans cette riche région à statut spécial. (…)
(…) Dans cette région du Trentin-Haut-Adige qui jouit d’une large autonomie, le leader de la Ligue sait qu’il ne sert à rien de parler souverainisme, identité nationale. Ici prévalent les particularismes, l’esprit de clocher, la défense des traditions. Il s’adapte vite, fait l’apologie des réformes adoptées, à commencer par la principale à ses yeux, le coup d’arrêt porté à «l’invasion des migrants», à «ces faux immigrés qui envahissent nos rues et nos places»: «J’ai bloqué un navire de migrants. La magistrature m’a inculpé pour séquestration de personnes. Qu’importe: s’il le faut, j’en bloquerai trente autres.» La vigueur des applaudissements surprend. (…)