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« Tenez, goûtez-moi ce macaron. C’est mon baroud d’honneur. J’y pensais depuis longtemps. Alors je les fabrique pour mes derniers jours. Jusqu’à dimanche. » Le sourire de Thierry Bucher est las, la voix mal assurée, submergée par l’émotion de quitter une pâtisserie qu’il a reprise il y a plus de 20 ans. Son macaron éphémère (chocolat-mandarine-passion, on vous le recommande) est une douceur sucrée mais ses propos sont amers. Alors on l’a écouté autour d’un café.

L’ÉTINCELLE.-« Des problèmes, on en a depuis deux ans. Mais samedi j’ai pété un plomb. J’avais une pièce montée de 250 choux pour un mariage à préparer. Trois fois de suite des jeunes se sont battus devant chez moi. J’ai passé l’après-midi à appeler la police. Ils arrivent, les jeunes s’envolent et ils recommencent. Moi, pendant ce temps, je ne travaille pas. La semaine dernière on a aussi eu une voiture incendiée. Rue de Bâle, c’est nouveau… Et je ne parle pas du trafic de drogue. L’autre jour, des types échangeaient de la drogue devant la pâtisserie. J’appelle la police qui me demande s’il y a un trouble à l’ordre public. Comme pour eux ça ne semblait pas être le cas, ils ne sont pas venus. Moi si je roule à 60 à la place de 50, on me verbalise. J’imagine que c’est parce que je trouble l’ordre public… »

LA DÉGRADATION.-« En 20 ans, le quartier s’est métamorphosé. Quand j’étais môme, la rue de Bâle était une très belle rue, comme l’avenue Aristide-Briand, d’ailleurs. C’était l’endroit où on nous emmenait au moment de Noël. Pourtant, je n’ai jamais baissé les bras. On a créé l’association Les étoiles de la rue de Bâle avec 15 adhérents, imaginé des animations. Mais, depuis deux ans il y a des ouvertures d’enseignes sans autorisation. Quand on avertit la mairie, la réponse c’est qu’ils ne peuvent rien faire tant que le commerce n’est pas ouvert. Que c’est long, qu’il y a des lois à respecter. Ce sont ces commerces qui amènent de l’insécurité, des bagarres, du trafic de drogue. Contrairement à Bernard Hergott [n.d.l.r. : lire ci-dessous] , je ne me plains pas en matière de chiffre d’affaires car je travaille beaucoup avec les mariages, les anniversaires, à l’extérieur… Disons que notre chiffre d’affaires ne se développe plus comme avant » , précise le pâtissier, qui emploie quatre salariés. (…)

(Merci à CathoAlsace)

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