A partir d’un fonds documentaire unique constitué par trois aventuriers lyonnais, Jean-Yves Loude, Viviane Lièvre et Hervé Nègre, le musée des Confluences retrace le portrait du peuple Kalash, une des dernières sociétés chamaniques du monde. Une infime minorité de 3000 personnes à l’identité menacée dans un Pakistan musulman qui compte 207 millions d’habitants.
Leur histoire commence en 1976, à la sortie d’une salle de cinéma. Viviane Lièvre, Jean-Yves Loude et Hervé Nègre, trois étudiants lyonnais d’une vingtaine d’années, ressortent fascinés par la projection de « L’homme qui voulut être roi », le film de John Huston, inspiré du livre de Rudyard Kipling. Les trois compères, aventuriers dans l’âme, n’ont désormais plus qu’une idée en tête : retrouver, sur les contreforts de l’Himalaya, ce petit peuple de blancs aux yeux bleus, qui, isolé du monde, perpétue sa culture ancestrale. […]
« Nous avons découvert un peuple de 3000 personnes réparties dans trois petites vallées du Pakistan, une des dernières sociétés chamanistes du monde, une population polythéiste entourée de voisins monothéistes , et qui vit aux rythmes de la nature et des saisons, qui vit de l’élevage des chèvres et de la culture des céréales et de la vigne», raconte Jean-Yves Loude, devenu lui aussi ethnologue et écrivain. « Un peuple sans livres dont la langue n’est qu’orale. Cette rencontre a bouleversé nos vies. » […]
Où en est le peuple kalash aujourd’hui ? « Il est toujours là, il compte toujours quelque 3000 personnes, mais il est menacé », explique Jean-Yves. Tous les grands hommes sont morts, il n’y a plus de chamanes.» A partir de la fin des années 1970, l’invasion soviétique en Afghanistan, l’irruption des moudjahidin dans leurs vallées, la pression de l’islam ont fait peser une menace sur les Kalash, qui perdent peu à peu leur culture et leur identité. […]