Comment expliquer l’élection de Donald Trump, Matteo Salvini ou Jair Bolsonaro ? Ces populistes parlent de la réalité aux électeurs, analyse Charles Consigny. <
En s’érigeant comme seul rempart aux populismes, Emmanuel Macron ne nous laisse pas le choix : c’est lui ou le déluge. Peut-être que, cette fois, cela ne suffira pas.
Le nouveau jeu à la mode, dans les dîners en ville de l’«élite» médiatico-culturelle française, consiste à décréter qu’untel ou untel est « à la droite de la droite », « réactionnaire » et/ou, bien sûr, « facho ». Ce jeu de fléchettes permet à des gens qui n’ont rien à dire d’avoir une conversation et de se placer dans le camp des gentils. On n’a jamais autant divisé les choses de cette manière enfantine, les gentils et les méchants. Les réactionnaires et les progressistes, les ringards et ceux qui vivent avec leur temps.
À l’échelle des gouvernements et des élections, cela donne un combat des gentils contre les « nationalistes » et les « populistes ». […] Il se trouve que plusieurs pays ont porté à leur tête des personnalités classées à l’extrême droite : la Hongrie, l’Italie et, maintenant, le Brésil. Il est de bon ton de le déplorer en se bouchant le nez, mais personne ne semble trouver nécessaire de s’interroger sur les causes de ces élections. Elles sont pourtant assez claires : l’Italie a été submergée par une importante vague migratoire sans que ses voisins et alliés européens trouvent utile de lui venir en aide. […]
C’est pareil pour la France : nos gouvernements n’agissent pas, ils font de la « gouvernance », ils se comportent comme des gouverneurs. Ils administrent. Ils baissent un taux, en augmentent un autre, subissent les événements avec l’air affligé de celui qui sait ce qu’il faudrait faire mais estime qu’il ne peut pas le faire, qu’il est empêché (par le peuple, par l’Europe, par le manque d’argent, mais, au fond, par la paresse, la lâcheté et l’absence d’imagination). […] C’est ainsi que l’islam radical continue sa prise de contrôle de territoires de plus en plus nombreux et vastes, ce qui a fini par être dénoncé par des journalistes du Monde, laissant interdits leurs confrères tellement habitués à nier la réalité qu’ils n’ont pas su comment réagir à la prise en compte de celle-ci par des gens qu’il est impossible de classer « à la droite de la droite ». […]